Judaïsme et sionisme
Il y a trois jours, j’ai expliqué ce que je pense de la différence entre deux mots que beaucoup confondent : antisémitisme et antijudaïsme. Je n’y reviens pas, vous savez lire, et il est inutile de vouloir me faire changer d’avis, car j’ai réfléchi à tout cela depuis suffisamment de temps.
Aujourd’hui, à l’occasion des injures grossières que certains manifestants ont adressées à Finkielkraut, j’expose la différence que je fais entre deux mots relevant d’un domaine identique : antijudaïsme et antisionisme. Là encore, ils ne sont pas synonymes. Au contraire du judaïsme, qui désigne uniquement la pratique de la religion juive, le sionisme relève de l’opinion politique. On connaît son histoire : il a été imaginé en 1896, par Theodor Herzl, qui avait écrit un manifeste titré Der Judenstaat (en français, L’État des Juifs), où il réclamait la création d’un territoire ou d’un État peuplé par les Juifs, et pas n’importe où, mais en Palestine (les Arabes l’appellent « Falstine »), pour se conformer à l’histoire des douze tribus juives. Herzl pensait qu’on devait bien cette compensation au « peuple élu », après les diverses persécutions qu’il avait subies, surtout pendant la deuxième guerre mondiale. En somme, « Juif » devenait une nationalité ! Ce qui, en soi, est une absurdité.
Si bien que, très vite, le sionisme a pris le sens de « conquête par la force » d’un pays déjà occupé par un autre peuple ; ce qui, en soi, peut – et doit – être vu comme répréhensible. Et il va sans dire que Finkielkraut n’a rien d’un colonisateur jouant les coucous aux dépens des Palestiniens.