Vinyle et trottinettes
Quand le CD (Compact Disc) a été mis sur le marché au début des années quatre-vingt (ou « quatre-vingts », impossible de le savoir), chacun a poussé un soupir de soulagement : enfin, on allait être débarrassé des disques en vinyle, tournant à 33 tours par minute, et d’un diamètre aussi ridicule que leur faible capacité, qui dépassait rarement les quarante minutes – ce qui obligeait à les retourner pour, par exemple, écouter la Neuvième du gros Ludwig. Outre cela, ils prenaient la poussière, les sillons se rayaient plus facilement que la carrosserie de votre Bentley garée dans un quartier pauvre, et ne pouvaient restituer un son correct au-delà de six passages sur votre tourne-disques, lequel, de plus, exigeait d’être équipé d’une tête en diamant. Ces disques-là n’offraient qu’un seul avantage : ils avaient une telle surface qu’on aurait presque pu imprimer sur leur pochette l’intégrale d’une question de Nagui.
Hélas, hélas, hélas, comme disait De Gaulle, on n’avait pas pensé à enfermer les adorateurs du C’était-mieux-avant, qui ont trouvé à redire au progrès, et se sont tant démenés afin de réhabiliter le disque vinyle, que celui-ci, qu’on espérait mort et bien mort, est revenu à la surface, grâce à des arguments d’une solidité de duralumin : il donnait un son « chaud », plus présent, plus proche de l’auditeur, plus fidèle, et autres fadaises qu’aucun test scientifique n’a été capable de confirmer.
Si bien que les rayons des magasins de disques se sont de nouveau garnis de ces galettres encombrantes et produisant davantage de parasites que les ministères sous Macron comptent de chargés de mission aux allures et aux manières de gangster. Un espoir pour les disques 78 tours ?
Cet esprit poussant à la résurrection de vieilleries sans valeur ouvre un boulevard à d’autres, comme les trottinettes, dont le triomphe semble assuré.