Hommage au « dissoï logoï »

Publié le par Yves-André Samère

Savez-vous ce qu’est le dissoï logoï ? Rien qu’à lire cette expression, vous vous doutez bien qu’elle n’est pas française. Gagné, c’est du grec ancien ! Et elle signifie « discours double ».

Ce discours double est familier aux communicants, politiques ou commerciaux, et il sert à répondre à TOUTES les questions que pourront vous poser ces salauds de journalistes sur certains points embarrassants, lorsque vous ne pouvez pas répondre sans vous prendre les pieds dans le tapis. Eh oui, on apprend ça si on ambitionne de devenir ministre ou conseiller d’un ministre. Le but étant d’éviter de répondre, et sans hésitation, et sans mentir mais en noyant le poisson dans la sauce.

Vous allez m’objecter qu’au collège ou au lycée, on vous a déjà appris à faire une dissertation. Mais non, car une dissertation consiste à, euh... à disserter sur tel ou tel sujet, mais en adoptant un seul point de vue, afin de défendre ce point de vue. Le dissoï logoï, au contraire, consiste à explorer toutes les possibilités d’un point de vue et... du point de vue contraire ; cela, pour vous rendre capable de réfuter tous les arguments qui nuiraient à votre cause. Dans une dissertation, tous les potaches savent cela, on fait se succéder la thèse, l’antithèse ET la synthèse, cette dernière ayant pour but de faire comprendre à votre examinateur qu’au fond, l’antithèse est une erreur et qu’il ne faut pas en tenir compte.

Chez nous, certains hommes politiques sont très entraînés à cet exercice, et d’autres, beaucoup moins. Macron se range dans la première catégorie, puisqu’il a réussi à tromper tout le monde afin de se faire élire. À l’opposé, Fillon s’est si mal débrouillé qu’il a saboté sa carrière politique par sa maladresse. Autrement dit, Fillon n’a pas su prévoir tous les arguments que le camp adverbe pourrait lui opposer. Un petit cours de dissoï logoï l’aurait préparé à cette éventualité.

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