Vivre « une aventure » ?
Non, je ne vais pas sangloter sur le sort de Simon Gautier, mort accidentellement en montagne, pour avoir voulu « vivre une aventure » – et seul, qui plus est, ce qui constitue le comble de l’imprudence la plus sotte.
Ceux qui critiquent les gens de bons sens, lesquels pensent en gros la même chose que moi, envoient aujourd’hui des injures voilées, dans le style de celle-ci : « La liberté, l’appel des grands espaces, le goût de la solitude, de la contemplation, les longues heures à marcher et à méditer, cela ne les effleure pas ». Ouais... Et le « goût » de ne pas mettre en danger la vie DES AUTRES, ça compte pour des clopinettes ? Cette critique est parfaitement crétine.
Ce pauvre mort aurait dû se souvenir, comme tout le monde, qu’on ne part pas seul dans une aventure pareille. Il a joué, il a perdu. Amen. Réservons nos louanges posthumes à ceux qui œuvrent pour autrui. Pas pour leur plaisir personnel et le désir de se sentir supérieur au vulgum pecus, qui reste devant sa télé – chaussé de pantoufles, c’est certain. Ah, ces salauds qui n’obligent pas leurs semblables à venir les tirer du pétrin où ils se sont abstenus de se fourrer eux-mêmes ! Comme l’a dit Brassens dans Don Juan, « Gloire à qui n’ayant pas d’idéal sacro-saint / Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins ! »