La fabrication d’une déesse
Tout d’abord et pour commencer dans la douceur, un coup de chapeau à Laetitia Gayet, qui présentait ce matin le journal de France Inter, et que souvent j’ai rudoyée pour son conformisme. Or, ce matin donc, à l’occasion du 15 août, elle avait invité (à distance) un évêque, qu’elle a appelé par son nom Thierry Magnin, auquel à aucun moment elle n’a donné du Monseigneur, comme ils le font tous dans les radios depuis que Claude Villers, le seul à s’en exempter, a pris sa retraite. Bravo à elle, donc.
Il faut dire qu’elle a su éviter les questions flattant les croyances catholiques, et n’a jamais abordé la signification du terme Assomption, dont une république faiblarde et conformiste, elle aussi, a fait une fête nationale, sans aucune raison valable, autre que le souci démagogique de se concilier les électeurs catholiques, alors que, de nos jours, ils se raréfient comme neige au soleil – et avec eux le produit de la quête !
Mais revenons à l’Assomption, curieux concept signifiant que Marie, mère d’un Jésus dont l’existence n’a jamais été prouvée, serait « montée au ciel » après sa mort, idée baroque née dans l’imagination, dit-on, du roi Louis XIII en 1638, et devenue un dogme uniquement catholique en 1870. Les catholiques français, ou du moins le peu qu’il en reste – Dieu merci ! –, en ont fait un prétexte à divers pélerinages, dont celui de Compostelle, en Espagne (voir le film de Luis Buñuel La voie lactée).
On peut trouver curieux que Marie, qui jamais n’a rien fait d’intéressant ni même de charitable (lisez Le nouveau testament, c’est la femme invisible), ait pu accéder au rang de déesse. Vous y remarquerez que son propre fils, Jésus donc, la méprisait, avec la totalité de sa famille, abusivement qualifiée de « sainte famille » par les autorités vaticanesques. Notamment, lors de l’épisode des noces de Cana, il l’a publiquement envoyée bouler, avec un « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? ». Charmant. Par anticipation, c’est Brasse-Bouillon se révoltant contre Folcoche.