Macron I et Macron II

Publié le par Yves-André Samère

Bien avant notre siècle, il a existé un autre Macron, un type assez antipathique quand on connaît l’histoire de Rome.

Il s’appelait Quintus Naevius Cordus Sutorius Macro, il était né en -21 et il est mort en 38. Préfet du prétoire romain, c’est-à-dire commandant de la garde prétorienne, il était, de par ses fonctions, responsable de la sécurité personnelle de l’empereur Tibère. Or, si l’on en croit Tacite, qui n’est d’ailleurs pas très fiable comme historien, Tibère, très malade, était proche de la mort, et son héritier Caius Julius Caesar Augustus Germanicus, fils du célèbre général Germanicus et d’Agrippine l’Aînée, et plus connu sous son surnom de Caligula (ce qui signifiait Petites bottes), désirait plus que tout devenir empereur et commençait à trouver que Tibère avait fait son temps et même davantage. Cette agonie tibérienne lui convenait parfaitement, mais Tibère tardait à défuncter et réclamait même de quoi manger. Allait-il guérir malencontreusement ?

Par chance, Macron veillait au grain, et il réagit en étouffant Tibère. Caligula pouvait désormais prendre la place vide ! Mais lui-même se méfiait de cet ami trop providentiel, et, un peu plus tard, il contraignit Macron à se suicider.

Des malveillants contemporains ont donc sauté sur l’occasion d’établir un parallèle entre le Macron du premier siècle et le Macron du vingt-et-unième. Mais enfin, voir dans Hollande un précurseur de Tibère, il fallait beaucoup d’imagination ! Et de malveillance. Lisez donc ce qu’en a pensé Édouard Philippe, naguère Premier ministre de Macron II, lorsqu’il a écrit ceci dans Libération, pendant la campagne présidentielle de 2017 : « Le Romain qui ressemble le plus à Macron, ce n’est pas Brutus, c’est Macron. Naevius Sutorius Macro, dit Macron, haut fonctionnaire (si si) devenu, à la faveur d’une révolution de palais, le conseiller de Tibère, empereur détaché des affaires courantes, il finira par l’assassiner… C’est en tout cas ce que prétend Tacite, même si Suétone dit le contraire. Ce qui est certain, c’est que ce Macron, personnage mineur de l’histoire romaine, mettra fin à ses jours et à ceux de sa femme sous la pression de Caligula. On ne souhaite cela ni à son homonyme ni à Brigitte qui, elle, m’apparaît à chaque nouvelle critique de goujats machistes plus sympathique encore ».

Un coup de lèche en direction de Bribri et de son petit mari, à cette époque, ça payait encore.

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