Quel cauchemar, ces cauchemars !
Depuis environ cinq ou six ans (à peu près au temps, en 2015, où j’ai dû être opéré d’un cancer du foie), j’ai complètement cessé d’avoir des rêves, la nuit. C’est très étrange, puisqu’on prétend que tout le monde rêve, même si la presque totalité des êtres humains oublient ça au réveil.
Auparavant, j’avais deux sortes de rêves – plutôt des cauchemars. Certaines nuits, je voyais un lion, un genre d’animal qui ne m’inspire aucune envie de le fréquenter. Alors, je m’empressais de fuir pour me mettre à l’abri chez moi, et y parvenais in extremis. D’autres rêves étaient plus compliqués : je me voyais coopérant en Afrique, mon séjour tirait à sa fin, je devais donc faire mes bagages, et, à quelques minutes de quitter mon logement de fonction, je me rendais compte que je n’avais rien préparé, et que, même, je n’avais pas retiré mon billet d’avion auprès du service de l’Ambassade qui organisait les retours en France. Normal, cela fait partie de mon sens du désordre qui confine au génie et qui, lui, dure encore : je suis incapable de mettre quoi que ce soit en ordre, et je vis dans un capharnaüm perpétuel. Bien sûr, il n’y avait aucune suite, puisque, chaque fois, le rêve s’achevait brusquement.
Ces deux cauchemars ont duré des années, et jamais je n’y ai échappé, jusqu’à ce qu’ils s’interrompent d’eux-mêmes, sans que je sache pourquoi. Ce mystère des errements de l’esprit humain m’a toujours intrigué...