C’est fou !
Aujourd’hui, plus personne n’est fou. C’était trop dévalorisant. Les jeunes eux-même ont adopté (inventé ?) un autre terme, et parlent de « truc de ouf » – traduisez : histoire de fou.
Même la médecine a renoncé à ce mot trop simple : les médecins suivent la voie du docteur Diafoirus, et préfèrent le langage que nul ne comprend, faut pas se laisser piquer le langage de la profession, il y a tant de plagiaires ! Et le « fou » n’existe plus en psychiatrie, il n’y a que des personnalités sociopathiques, ou, plus simplement, des psychopathes.
Allons plus loin, et jetons un coup d’œil sur le cinéma. Il est certain que, par exemple, Pasolini serait aujourd’hui considéré comme un fou. On vient de ressortir en salles son dernier fim, Salò o le 120 giornate di Sodoma (d’après Les 120 jours de Sodome, roman de Sade, lui-même complètement cinglé, malgré son style irréprochable). C’est un nauséeux catalogue d’atrocités et d’obscénités, bien que nombre de critiques l’aient encensé, au contraire de Michel Ciment, qui l’a démoli consciencieusement sur France Inter dans Le masque et la plume.
Ce film détestable et irrégardable est à fuir, et ce jugement n’est pas un mouvement d’humeur.