De la typographie pondérée
Depuis mes cinq ans, âge auquel j’ai appris à lire avant d’acheter moi-même les milliers de livres qui m’attiraient, un détail m’a gêné : le fait que les titres des livres achetés comportaient TOUS des majuscules. Que, par exemple, on lisait sur leur couverture des expressions telles que Les Mille et une Nuits. Attendu que les mots mille et nuits ne sont pas des noms propres, je voyais mal pourquoi ils devraient prendre des majuscules, et cet ornement aurait été absurde.
En revanche, je ne vovais aucun inconvénient à découvrir chez Jules Verne De la Terre à la Lune, puisque ces deux corps célestes sont des objets uniques, et méritent bien la majuscule.
Fantaisie purement française, puisque les titres des livres et journaux britanniques ou états-uniens sont tous truffés de majuscules. Mais quoi, l’Angleterre et les USA ne sont pas peuplés de gens normaux comme chez nous...
J’ai donc conservé mon agacement, et je commençais à désespérer. Jusqu’à la semaine dernière, où j’ai téléchargé le dernier roman de Michel Houllebecq – un auteur que je n’aime pas, mais c’est une autre histoire. Or ce livre affiche sur sa couverture son titre et le nom de son auteur sans la moindre majuscule ! On y lit en effet ceci :
michel houllebecq
anéantir
Aurais-je, sans le vouloir ni le savoir, converti Houellebecq ? Mon agacement serait-il contagieux ? Mystère. Néanmoins, je me suis senti soutenu par un auteur célèbre ! Ouf, à présent, je peux respirer, car je ne suis plus seul.