Journalistes serviles
Un chef d’État qui se paie la tête des journalistes convoqués à sa conférence de presse, ce n’est pas nouveau. De Gaulle le faisait souvent, quoique avec une subtilité agrémentée d’un brin d’esprit, voire d’autodérision.
Plus grave, un chef d’État qui insulte un journaliste en donnant son nom publiquement, ça s’est déjà vu : en 1970, Hassan II avait déclaré que le général Oufkir (qui avait tenté de l’assassiner) était un pur produit « de la Résidence [française au Maroc], comme Lacouture » – la Résidence était le représentant de la colonisation à Rabat, et Jean Lacouture était journaliste au « Monde ». Les centaines de journalistes présents avaient ri servilement, pas un n’avait protesté, encore moins quitté la salle.
On aimerait que les hommes politiques, en revanche, se paient la tête d’un journaliste qui pose des questions saugrenues. Lorsque Nicolas Demorand interviewe Bill Clinton sur France Inter et termine en lui demandant ce qu’il aimerait dire à sa femme Hillary en profitant du micro de ladite radio, on aurait aimé que Clinton lui cloue le bec en lui rétorquant qu’il n’a pas besoin de France Inter pour parler à sa femme.