Travail clandestin
L’immigration clandestine n’existe que parce que le travail clandestin existe. Par conséquent, au lieu de s’en prendre aux victimes de cette immigration (un peu consentantes tout de même, car elles savent d’avance qu’elles vont se trouver dans l’illégalité), mieux vaudrait faire la chasse aux « négriers » : les employeurs et les passeurs.
Or, en vertu du Code du Travail, seuls les contrôleurs et les inspecteurs du Travail ont le droit de pénétrer dans les ateliers, et sans autorisation. En l’occurrence, ils ont plus de pouvoir que les policiers, autant que les douaniers. Le hic, ils sont en nombre insuffisant : en 2005, ils n’étaient que 1977 en tout (pour dix-huit millions de salariés).
Leur mission ? Pas facile ! Lorsqu’un inspecteur du Travail débarque dans un atelier clandestin, il lui est très malaisé de prouver que l’entreprise est dans l’illégalité, car le responsable des lieux a toujours sur lui le récépissé d’inscription, au registre du commerce, d’une société bidon créée quelques semaines auparavant, « au cas où »... De plus, comment prouver que les employés présents sont des travailleurs « au noir », autrement qu’en réclamant à l’employeur le livre des entrées et sorties du personnel et celui des salaires ? Et, aux employés eux-mêmes, leur feuille de paye ? Or, si ces livres, comme par hasard, ne sont jamais visibles sur place le jour même, l’employeur se montre très capable de les produire le lendemain (ils auront été fabriqués dans la nuit). Pourquoi se gêner, quand on ne risque qu’une amende dérisoire ? Quant aux employés sans fiche de paye, ils auront été « embauchés la veille », d’où l’absence du fameux document.
Résultat, les négriers finissent rarement devant un tribunal. Et quand cela leur arrive, la peine est légère.
C’est surtout dans le bâtiment et les travaux publics que les immigrés clandestins sont exploités : chantiers du TGV, naguère le tunnel sous la Manche, stades, etc. Oui, certains employeurs, grâce à la sous-traitance, utilisent des clandestins sur des chantiers... commandés par l’État ! Un exemple : la Grande Arche de la Défense, l’un des Grands Travaux de Mitterrand, dont l’édification était confiée à Bouygues, a été construite en sous-traitance par des ouvriers tunisiens illégaux. Il y eut également le chantier de réfection de l’hôpital Tenon. Et quelques autres...
Rions : la Justice a le pouvoir de confisquer les biens d’un patron condamné, mais elle ne le fait bien sûr jamais. Vous imaginez Bouygues se faisant confisquer TF1 ?