19 mars ? Et puis quoi encore ?
Hier, c’était le 19 mars, l’anniversaire du cessez-le-feu de 1962 en Algérie. La Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Algérie réclame depuis des années que cette date soit utilisée pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie, mais cette FNACA, très écoutée, est noyautée par les gaullistes. Un peu partout, des municipalités ont suivi ses consignes et organisé des cérémonies, y compris à Paris, et inauguré des places ou des rues portant cette date comme nom.
Sarkozy, de son côté, et donc les gouvernements qu’il a nommés, ne veulent pas du 19 mars comme date de commémoration, et ont choisi une date en décembre, qui malheureusement ne correspond à rien ! Encore candidat à l’élection résidentielle, le futur président avait déclaré : « Il n’est pas quesion que le 19 mars soit une date officielle de commémoration. Il est arrogant de condamner et de mépriser la douleur qui fut la vôtre et celle de vos familles lorsque vous fûtes chassés de vos terres, de vos maisons, et séparés de vos amis. [...] Je n’accepterai pas que la date officielle de la commémoration des morts de la guerre d’Algérie soit celle du cessez-le-feu, qui, de surcroît, n’a pas été respecté ».
À mon grand regret, j’approuve entièrement cette déclaration, ce qui fait donc de moi un sarkozyste à tous crins. Je vais finir comme Éric Besson, c’est certain.
En attendant, « Le Figaro » a publié hier trente-deux photos de victimes, françaises de souche ou algériennes, toutes disparues ou assassinées APRÈS le cessez-le-feu, voire ce jour-là. Et n’oublions pas les dizaines de milliers de harkis – l’évaluation est entre quarante mille et cent quarante mille –, abandonnés en Algérie par De Gaulle malgré les promesses qu’on leur avait faites pour les enrôler dans l’armée française, et ignoblement massacrés. Pour ne citer que lui, qui n’est pas suspect d’être un « ultra », Jean Lacouture écrivait, dans « Télérama » du 13 septembre 1991 : « Ce tabou-là n’est pas près d’être levé. Cent mille personnes sont mortes par notre faute. Un massacre honteux pour la France comme pour l’Algérie. Le déshonneur est trop lourd à porter ».
Notez qu’il s’est bien gardé, comme tout le monde, de faire la moindre référence à celui – De Gaulle –, qui, sachant bien que ces horreurs seraient commises, n’en a pas moins donné l’ordre de ne pas rapatrier en France les harkis.