Equus

Publié le par Yves-André Samère

Pierre Lescure, qui succède au calotin Robert Hossein (ouf !) à la direction artistique du Théâtre Marigny à Paris, a programmé pour la rentrée Equus, de Peter Shaffer. J’ai déjà vu la précédente version française, avec François Périer, ainsi que le film de 1977, mis en scène par Sydney Lumet, avec Richard Burton. Et pour tout dire, je n’aime pas cette pièce, une boursouflure sur fond psychanalytique. En gros, un garçon de dix-sept ans, employé comme valet d’écurie, a crevé les yeux de six chevaux, et un psy tente de savoir pourquoi. Léger, comme argument, mais l’explication finale est encore plus subtile : tombé amoureux d’un cheval, mais si !, lorsqu’une fille de son âge s’est offerte à lui, il n’a pas pu la satisfaire, et a passé sa rage sur les animaux.

La pièce a toujours attiré beaucoup de public, en grande partie pour une mauvaise raison (la psychanalyse étant déjà une mauvaise raison) : une scène de nu intégral. En effet, on assiste au déshabillage des deux jeunes, incomplet en ce qui concerne la fille, complet pour le garçon. Cela ne dure que deux minutes, mais le bouche à oreille suffit pour que la moitié de la salle soit peuplée de gens qui viennent là parce qu’ils veulent se rincer l’œil. Certes, ce n’est ni répréhensible ni incompréhensible, mais on a connu de meilleures pièces de théâtre qui utilisaient cet, euh... argument de vente. J’ai même vu une adaptation du Chéri de Colette, où le jeune premier était complètement nu pendant tout le premier acte ! Et je me suis souvent demandé ce que pouvait penser un jeune acteur qui sait qu’une grande partie du public n’est là que parce qu’on voulait le voir à poil.

Dans le film de Sydney Lumet, l’interprète du garçon, Peter Firth, était trop âgé : vingt-quatre ans. Au théâtre à Londres, c’est Daniel Radcliffe, l’ancien interprète d’Harry Potter, qui a tenu le rôle, et il s’apprête à continuer à New York. L’acteur n’est guère sexy, on doit l’avouer. En France, il y a trente-cinq ans, c’était Stéphane Jobert, qui a surtout fait carrière ensuite à la télévision, sans jamais devenir vedette. C’est Julien Alluguette, un inconnu, qui lui succèdera au Théâtre Marigny à partir du 18 septembre. Je n’irai que si on m’invite.

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