Subventionner les syndicats
Le système syndical français repose sur une loi datant d’avant la création du ministère du Travail. Cette loi définit la représentativité des syndicats telle qu’elle était à la Libération. Aucune tentative de réforme de ce système n’a jamais abouti. Pourquoi ? Parce que gouvernement et syndicats sont satisfaits, quoi qu’ils en disent publiquement, de ce rapport de force permettant d’assurer plus ou moins bien la paix sociale, c’est-à-dire la résolution des inévitables conflits. Ce qui explique que les syndicats soient subventionnés par le gouvernement, en dépit des affrontements permanents... qui sont là pour la frime ! Tout le monde sait, par exemple, que c’est avec l’argent de l’État que le CGT a pu s’offrir son siège social à Montreuil.
Pourtant, les syndicats ne représentent que très peu les travailleurs. Le taux d’affiliation aux syndicats est de l’ordre de 25 % dans la fonction publique, mais tombe à 5 % dans le privé ! C’est le pourcentage le plus faible d’Europe. En toute logique, le gouvernement devrait donc réserver ses subventions à d’autres causes que ces organisations si peu représentatives. Mais, pour la raison susdite, et en vue de conserver ses partenaires de négociation (ce qui vaut mieux que les affrontements dans la rue), le gouvernement paye... avec l’argent provenant des impôts de citoyens non syndiqués !
Tout le monde n’est pas d’accord sur ce système. Nicole Notat, qui a dirigé la CFDT pendant dix ans, était hostile à ce financement des syndicats par l’argent public. Elle a d’ailleurs déclaré : « [Les syndicats] doivent d’abord vivre des cotisations de leurs membres, c’est la condition de leur indépendance ». Elle feignait de croire que l’État risque de faire pression pour réduire ladite indépendance... ce qui n’est jamais arrivé et ne risque pas de se produire.