Un génie qui dit « Ouais »...

Publié le par Yves-André Samère

Ce titre est emprunté à Goscinny, qui l’utilise dans les aventures d’Iznogoud, vous aviez compris. Depuis quelques mois, on voit de temps en temps à la télévision un quidam d’une trentaine d’années, nommé Daniel Tammet, et que les passeurs de plat de la télé présentent chaque fois comme « l’un des cent plus grands génies vivants ». Il paraît que c’est une assemblée de quatre mille Britanniques qui l’ont surnommé ainsi, mais on sait le sens de l’humour des sujets de Sa Gracieuse Majesté. Le type, modeste, ne proteste jamais contre ce genre d’outrance médiatique.

À l’en croire, ce garçon, qui vit à Avignon, serait un ancien autiste, mais qui aurait vaincu son mal. Il serait aussi un calculateur prodige, mais qui ne calcule rien, il « voit » les résultats des calculs mathématiques que, rituellement, les manieurs de brosse à reluire lui posent sur les plateaux de télé, et il aurait appris une dizaine de langues étrangères en un temps record : l’allemand en une semaine, l’islandais en dix jours, etc. D’ailleurs, sur son site Internet www.optimnem.co.uk, il vendait des cours de langues, espagnol et français, aux anglophones, pour la modique somme de 17,99 livres ou 19 euros (curieuse conversion, quand on sait que l’euro vaut plus que la livre ! Ce garçon ne sait pas compter ?).

Il a aussi écrit un livre, Embrasser le ciel immense, et il vend pour la modique somme de 2,50 dollars un ensemble de trois cartes postales qu’il a peintes sur un plateau de télé, et représentant... les vingt premiers chiffres du nombres pi, dont il affirme connaître les 11 254 premières décimales (qui a vérifié ?). Il aurait aussi créé un langage, le « Mänti »... comme l’ont fait pas mal d’enfants.

Bien. Tout le monde a le droit de gagner sa vie, fût-ce en roulant les gogos. Mais tout de même, il devrait faire attention. Passe encore de recenser sur son site tous ses passages à la télé, sauf ceux qui ont eu lieu en France où pourtant il habite, mais lorsqu’on se laisse qualifier de génie, on évite de mentionner sur son site Internet son prétendu signe astrologique ! Pour lui, c’est le Verseau, paraît-il, avec cette précision qui laisse perplexe : « Années astrologique : mouton ».

Cela doit être un private joke, les moutons, ce sont ceux qui emboîtent le pas des avaleurs de bobards.

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