Bourrage de crâne Total
Si nous parlions un peu de Total ? Et pardon de ne pas faire comme tout le monde : taper sur la firme pétrolière – le sport à la mode en ce moment.
On reproche trois choses actuellement à Total : d’avoir fait des bénéfices « indécents » ; d’avoir annoncé le licenciement de 555 employés ; d’avoir des actionnaires qui « se goinfrent » sur les bénéfices. Examinons le détail.
Les bénéfices : toutes les firmes pétrolières ont fait l’année dernière des bénéfices importants. Cela était dû à l’augmentation très forte du prix du pétrole. Cette phase est terminée, le cours du pétrole est retombé à peu près au tiers de son cours le plus haut, les bénéfices de l’année en cours seront certainement beaucoup moins élevés. En outre, Total n’est pas la compagnie qui a le plus gagné dans l’affaire : si elle a engrangé 13,9 milliards d’euros en 2008, sa concurrente britannique British Petroleum (BP) a gagné 20 milliards, et, aux États-Unis, Exxon a ramassé... 35 milliards ! Mais, encore une fois, cette période est terminée.
Les licenciements : Total a donc annoncé qu’elle licencierait 555 employés, certes, mais d’ici à... 2013 ! Dans un pays qui perd 1000 emplois PAR JOUR, c’est insignifiant. Par pour ceux qui se retrouvent au chômage, évidemment, mais pourquoi ne pas donner l’information complète ? À savoir que Total a créé davantage d’emplois en France cette année qu’elle n’en supprimera comme annoncé d’ici à quatre ans ! Cette manière d’informer le public, c’est un peu comme si l’on se plaignait d’une possible baisse de la population en ne livrant au public que le nombre annuel de morts, tout en taisant celui des naissances !
Les actionnaires : le 17 mai 2008, le cours de l’action Total était de 58,2 euros. Aujourd’hui dimanche 15 mars 2009, il est de 37,88 euros. L’actionnaire a donc perdu en dix mois 20,32 euros par action qu’il possède, c’est-à-dire près de 35 % de son capital. En compensation, il touchera un dividende de 2,28 euros, dont la moitié lui a été versée le 14 novembre et l’autre moitié le sera le 22 mai prochain, une semaine après l’assemblée générale. Comparez cette perte de 20,32 euros et ce gain de 2,28 euros. L’actionnaire s’est vraiment goinfré ?
Il est absurde de s’en prendre aux actionnaires d’une firme. S’ils n’investissaient pas dans le capital des entreprises, celles-ci ne pourraient pas faire face à leurs dépenses et mettraient, comme on dit, la clé sous la porte. C’est pour le coup que le chômage ferait un grand bond en avant.