Crampe de l’écrivain
C’est connu, pour être élu à l’Académie française, un postulant est censé « faire des visites » aux Académiciens – une manière de faire sa cour, c’est-à-dire sa campagne électorale. Peu d’élus se sont dispensés de cette corvée. Sauf peut-être Montherlant, qui avait exigé d’être élu (tout le monde l’en suppliait depuis longtemps) sans passer par quelque cérémonial que ce fût.
Eh bien, le dernier élu, François Weyergans, a innové : lui non plus n’a fait aucune visite. En revanche, il a écrit ! Candidat seulement trois semaines avant l’élection, ce qui est une sorte de record (en général, on s’y prend des années à l’avance), il a envoyé à chacun de ses futurs éventuels collègues une lettre manuscrite personnelle. Au total, donc, trente-cinq lettres, toutes différentes, envoyées en vingt jours. Chacune lui a demandé cinq à six heures de rédaction, de sorte que, certainement, Weyergans n’a jamais autant écrit !
En tout cas, l’astuce a fonctionné. On dit que les Académiciens ont été ravis de tant d’attention. Et puis, ils ont coupé à la corvée de la visite...
Reste une formalité : le nouvel élu doit aussi rendre visite au président de la République avant d’être admis officiellement sous la Coupole. Là, il pourra sans doute se contenter d’un SMS. Dans le genre « Si tu ne viens pas (à ma cérémonie d’admission), j’annule tout ».