Réactions tardives au livre de Frédéric Mitterrand
Étrange, tous ces réactions (un peu tardives) à l’intervention de Marine Le Pen contre Frédéric Mitterrand, qu’elle accuse de pédophilie et de tourisme sexuel à partir de son livre La mauvaise vie.
D’abord, il y a le fond : dans ce livre, Mitterrand ne donne pas l’âge des garçons qu’il payait. Il emploie certes le mot gosses, mais ce mot reste ambigu, imprécis. On l’a par exemple souvent entendu à propos de soldats qui se faisaient tuer à la guerre, et dont l’âge ne les désignait guère à la convoitise des pédophiles : beaucoup étaient mariés ! On ne peut donc avoir aucune certitude, et seul Mitterrand pourrait préciser... mais il ne le fera évidemment pas.
Ensuite, il y a le curieux réveil des radios-télés, qui s’étaient jusqu'ici abstenues d’être plus précises lorsqu’elles évoquaient Polanski, parlant de son « affaire de relations sexuelles ». Ce matin, pour la première fois, on prononce le mot pédophilie en parlant de lui. Il n’a guère fallu que deux semaines...
Et puis, cette forte imagination des chroniqueurs, qui ont cru entendre, hier soir, Benoît Hamon, du Parti Socialiste, prendre sur Canal Plus parti contre Mitterrand. Mille regrets, messieurs, mais Hamon a refusé de prendre position, n’a pas accusé Mitterrand, n’a pas réclamé sa démission, et a seulement dit qu’il s’interrogeait. Ce que je me permets d’appeler « un dégonflage manifeste » !
Enfin, il y a la défense très embarrassée des gens de la majorité présidentielle. Les uns se dérobent et disent qu’ils n’ont pas lu le livre de Mitterrand, qui a pourtant eu en 2005 beaucoup de succès, puis a été réédité en format de poche l’année dernière. D’autres, très imaginatifs, parlent de son récit à Bangkok comme d’une « licence poétique ». Rions. À aucun moment, son livre ne donne dans ce ton-là... Et les plus inconscients argüent qu’on ne doit pas évoquer « sa vie privée ». Ah bon ? Et les pédophiles qui ont été condamnés à des peines de prison, ce n’était pas sur un épisode de leur « vie privée » ? Une fois de plus, selon que vous serez puissant ou misérable...