À Jacques Chirac, le pays reconnaissant !
Nous, Français, devons absolument envoyer une délégation auprès de Jacques Chirac, afin de le féliciter et de le remercier pour ce qu’il a fait, naguère, en faveur de Paris.
Non, je ne parle pas du pillage des finances de la Ville qu’il a opéré en tant que maire ; ni de ses célèbres quatre mille francs de frais de bouche quotidiens ; ni des emplois fictifs lui ayant permis de détourner l’argent des Parisiens en faveur du RPR, le parti qu’il avait fondé avec, comme seul objectif, son élection à la présidence de la République. Broutilles que tout cela.
En fait, il s’agit de lui exprimer notre reconnaissance pour nous avoir épargné le terrible inconvénient de devoir accueillir à Paris les Jeux Olympiques de 2012. La révélation en a été faite aujourd’hui, et c’est Cherie Blair, l’épouse de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, qui a fait capoter la candidature française auprès du Comité Olympique. Mais repassons le film au ralenti.
Les villes qui se proposaient de recevoir les Jeux Olympiques en 2012 avaient bien sûr posé leur candidature bien à l’avance, et la décision devait être prise à Singapour. Or, peu avant cette réunion décisive, Chirac avait exprimé son opinion sur... la cuisine anglaise, avançant qu’elle était la pire du monde, après celle de la Finlande. Je ne connais pas la cuisine finlandaise, mes innombrables voyages ne m’ont pas conduit si haut, mais non seulement je fais confiance à cet homme de goût qu’est Chirac, qui a si bien vanté la tête de veau, mais la cuisine anglaise, je connais ! À vrai dire, celle des Pays-Bas ne vaut guère mieux, mais n’entrons pas dans cette digression. Toujours est-il que Mrs Blair a été très vexée de cette appréciation négative chiraquienne.
Bref, le jour où toutes les délégations, chefs d’État et de gouvernement en tête, se sont retrouvées à Singapour pour le forcing final, Cherie Blair, rencontrant Chirac au détour d’un couloir, lui a foncé dessus et l’a copieusement engueulé pour avoir dit tant de mal du bœuf en daube à la gelée de menthe et du pudding de Noël qui tient ferme jusqu’à la Pentecôte. Confus, le Chi est rentré sous terre, mais l’algarade s’est sue, détruisant sa réputation. Donc, celle de la France. Et le Comité Olympique a refusé la candidature de Paris pour choisir Londres.
Triple résultat bénéfique : nous avons économisé les pincées de milliards que cette organisation nous aurait coûté, nous avons évité une belle pagaille dans la région parisienne, et les Britanniques ont concocté une si belle fête à Londres que nous n’aurions jamais été capables de faire aussi bien.
Merci Chirac !