ALLER à l’école

Publié le par Yves-André Samère

Dans une précédente notule datant d’aujourd’hui, j’ai affirmé qu’il me semblait bien hasardeux de croire qu’Internet pourrait un jour remplacer l’école, sous le prétexte que l’école EST ennuyeuse par nature, alors qu’Internet, quoi de plus fun ? Hé ! C’est que nous avons l’obligation de faire de notre vie une fête perpétuelle, demandez aux socialistes qui avaient élu Mitterrand en 1981, et n’avaient plus que cette expression à la bouche, le sens de la fête...

Les gens convaincus d’avance par cette hypothèse farfelue vous assènent que le métier d’instituteur ou de professeur est en train de changer, que les élèves vont apprendre tout seuls sur Internet, et que ceux qui étaient naguère chargés de les instruire ne seront plus là qu’à titre de roue de secours, chacun d’eux allant désormais d’un élève à l’autre, ou plutôt d’un terminal à l’autre, puisque les élèves ne seront plus présents physiquement. Tenez, je suggère que cela se passe maintenant au bord d’une piscine, ou sur des pistes de skate-board, voire dans des boîtes de nuit pour les plus âgés. Si cette vision ne vous plaît pas, imaginez-en une autre, l’essentiel étant qu’on cesse d’entasser des jeunes dans une salle sinistre, mal aérée, mal décorée, et sans musique – je veux dire : où on n’entend pas de rap. L’enfer, quoi.

En somme, tout le monde se débrouillera de son côté, sans aucun adulte sur le dos. Génial, comme disent les principaux intéressés.

Bien, cessons de rigoler. L’éducation repose sur les relations humaines, avec ses semblables, dans un lieu de rassemblement, sous les yeux d’un adulte si possible équilibré et qui fera plus que de diriger de loin le travail, pardon : l’apprentissage – comme un superviseur d’atelier clandestin de confection dans le Sentier – de ceux dont il a la charge. J’insiste sur ce point : la salle de classe est nécessaire, et si elle est un peu lugubre, tant mieux, l’attention des élèves (pardon ! Il faut dire « les apprenants ») ne doit être distraite par rien. Éduquer – instruire, si on préfère rester modeste –, ça ne consiste pas à enfourner des données dans les cervelles. Multiplier les ordinateurs connectés ne sert à rien, rester chez soi pour apprendre est inefficace : l’école, tout comme le cinéma, ou le théâtre, ou l’opéra, ou le sport, voire le bistrot, pour que cela compte, il faut y être présent ! Qu’un étudiant, qui est quasiment un adulte, soit capable de travailler seul, chez lui (le télétravail, en somme), c’est admissible. Mais quand on est encore à l’âge scolaire, il est nécessaire d’être surveillé, encouragé, et de voir ses erreurs rectifiées immédiatement par quelqu’un qui est sur place et possède le sens des nuances. Cela ne se fait pas à distance.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Les enseignants sont là pour aider les élèves à faire la synthèse de ce qu'ils apprennent, à mettre les éléments en perspective, bref à intégrer tout enseignement dans un schéma. Enfourner en vrac<br /> des connaissances ne sert strictement à rien si elles ne sont pas triées, hiérarchisées, analysées. Il n'y a que dans une salle de classe que l'on peut faire cela. Pas tout seul dans son coin !
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