Internet « remplaçant l’école » ?
Je n’ai Internet que depuis treize ans. Au début de l’année 2000, j’avais été recruté par le Fan-Club français de Friends (la série télévisée bien connue) pour y piloter ses deux publications sur papier, corriger les pages de son site Internet et en rédiger de nouvelles. Il avait donc bien fallu que je m’initie au codage HTML (non, ce n’est pas un langage !). Après avoir travaillé là et même ailleurs, toujours pour les autres, et avoir connu les suggestions saugrenues, les caviardages (il y en eut même un avec un mensuel sur papier, duquel j’ai rapidement démissionné), et bien entendu la censure, j’ai résolu de ne plus travailler que pour moi-même, et sans aide aucune.
Donc, je pratique et je connais assez bien Internet ; j’ai même écrit un article traitant de l’intégration, dans les sites, de polices de caractères non fournies par le système d’exploitation – sans aller jusqu’à utiliser ce truc dans mes propres pages. Mais je ne fais pas confiance à Internet ! Par conséquent, je tiens pour ineptes ces rêveries dont les journaux font parfois leurs choux gras, dont la plus sotte est celle-ci : « Internet va remplacer l’école ».
Pour les demeurés qui ajoutent foi à cette fable, le raisonnement est le suivant : l’école est sans avenir, parce qu’il faut y fournir des efforts, et que les enfants (voire les plus grands) détestent ça. Le goût de l’effort, en effet, n’a rien de naturel, or la mode a fait de la Nature une véritable déesse ; et si la Nature avait « voulu » que nous ayons le goût de l’effort, elle en aurait fait une fonction non moins naturelle. La preuve ? Aucun animal autre que l’Homme ne travaille ! L’Homme, lui, doit vaincre la fatigue, l’ennui, la contrainte, et l’on s’instruit par force, le plus souvent.
(Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je sais bien qu’il y a des exceptions, chez ceux qui ont une vocation. Mais combien en rencontre-t-on ?)
Or, depuis une trentaine d’années, les « nouvelles technologies », comme il faut dire – bêtement –, sont entrées à l’école. Ah, l’ordinateur « pour tous » (oui, on n’a pas attendu le mariage pour mettre cette expression à toutes les sauces) qu’imposa Fabius quand il était Premier ministre de Mitterrand... Énorme boulette : on avait choisi d’équiper les classes avec des ordinateurs Thomson, (attention, pas « Thompson », c’est autre chose !), particulièrement le MO5, et qui avaient l’avantage d’être français, mais le gros inconvénient de contenir un système d’exploitation rudimentaire et de ne pouvoir recevoir... aucun logiciel, puisqu’ils n’existaient pas. Jean-Jacques Servan-Schreiber avait bien préconisé d’acheter plutôt les premiers Macintosh, dépourvus de ces tares, mais ils étaient fabriqués aux États-Unis, et ils coûtaient horriblement cher. Moyennant quoi, l’Éducation nationale s’est embourbée pour plusieurs décennies.
Dans la suite, je vous expliquerai pourquoi j’estime que l’éducation assurée par Internet est une ineptie. Cela vaut bien une notule à part, et là, je commence à être trop long.