Analyser la musique
Hier soir, j’ai revu à la télévision un très beau film, Running on empty (de Sidney Lumet, avec l’excellent River Phoenix, mort trop tôt, à 23 ans, après une prise de drogue). Je ne vais pas parler de cinéma, mais une scène de ce film illustre parfaitement mon point de vue sur la musique et le fait que je préfère le classique à tout le reste (et que je déteste le rap).
Cette scène, qui se place peu après le début du film, montre un professeur de musique qui, désirant connaître les idées de ses élèves sur la question, leur fait écouter successivement Lucky star, de Madonna, puis un morceau de Beethoven. Il leur demande ensuite en quoi diffèrent ces deux œuvres, et un élève répond que, sur Beethoven, « On ne peut pas danser ».
Le professeur développe ensuite ce point, et fait remarquer qu’en effet, dans un morceau classique, le rythme et le tempo ne sont pas immuables, qu’ils changent fréquemment. Et que, donc, il est vrai que ces œuvres-là ne sont pas très dansantes. Ce que j’interprète ainsi : les compositions relevant de la variété sont d’une structure si monotone qu’on s’y ennuie au bout de quinze secondes. Leur tonalité se cantonne à une seule gamme ; leur amplitude (le niveau sonore) est quasiment la même d’un bout à l’autre ; leur tempo (la vitesse du morceau) ne varie jamais ; le rythme (à deux temps, à trois temps, à quatre temps) est imposé dès le départ ; et leur harmonie se réduit à un petit nombre d’accords qui ne s’écartent jamais de la norme. Cinq critères objectifs qui permettent d’apprécier la richesse de n’importe quel morceau, classique ou pas. Et dont j’ai pris conscience la première fois que j’ai entendu du reggae, un genre exceptionnellement pauvre sur tous les plans (un morceau de rap, c’est particulier, il ne contient aucune note de musique).
Je ne prétends pas que les musiciens populaires sont incapables de faire de la vraie musique. Il se trouve que je possède quelques partitions du groupe Queen, qui était composé de quatre membres d’un haut niveau intellectuel et musical. Et, pour ne prendre qu’un exemple, leur chanson Bohemian rhapsody, due à Freddie Mercury, commence sur un rythme à quatre temps en si bémol majeur, intercale une mesure à deux temps à la trente-deuxième mesure, revient au rythme initial immédiatement après, passe en mi majeur à la quarante-quatrième mesure, revient en mi bémol à la cinquante-septième et tient ainsi jusqu’à la fin, l’amplitude baissant peu à peu. Trouvez l’équivalent chez les fabricants de rap ou de reggae !