Applaudir, oui, mais à contretemps

Publié le par Yves-André Samère

Une énigme qui, depuis des temps immémoriaux, intrigue la totalité (ou presque) de l’humanité, et qui, en tout cas, m’intrigue suffisamment pour que j’en parle ici, c’est celle-ci : pourquoi, dans les émissions de télé en public, ledit public applaudit-il TOUJOURS à contretemps ? Vous ne saisissez pas ? Alors, repassons la scène au ralenti : le présentateur est sur le point de, euh... présenter un invité, et il fait un petit speech pour nous expliquer combien nous avons de la chance de voir une telle célébrité débarquer sur nos écrans (ah, voir débouler Nabilla ou Jean-Luc Mélenchon, voire Marion Cotillard, j’en salive...) ; ou encore, il « désannonce » un autre invité (ça signifie qu’il lui fait comprendre qu’il est temps de s’en aller pour faire de la place au suivant). Or, dix fois sur neuf, les applaudissements commencent à crépiter avec un bruit de grêle, et sans la moindre raison plausible, avant même qu’il ait terminé sa phrase – de sorte qu’on n’entend pas ce qu’il tentait de nous dire. Et convenez que nous y perdons énormément.

Cela revient chaque soir au Grand Journal, mais je dis cela parce que c’est la seule émission publique que je regarde (dans la seule émission à laquelle j’ai assisté assez souvent, le Vrai Journal de Karl Zéro, on avait l’élégance de dire au public qu’il pouvait applaudir ou pas, s’il voulait, quand il voulait, sauf à la fin des reportages – les « sujets », ça s’appelle –, qu’on n’applaudissait pas ; au Grand Journal, on applaudit même les bandes-annonces...).

Vous savez comme tout le monde que ces perturbations n’apparaissent pas spontanément : un ou deux chauffeurs de salle donnent le signal des réactions attendues, c’est même l’essentiel de leur dérisoire boulot (au Vrai Journal, les deux chauffeurs de salles Nicolas et Lydie nourrissaient et abreuvaient le public, et j’étais devenu très copain avec eux)...

L’énigme dont je parlais en commençant doit bien avoir une explication. Audacieusement, j’en avance plusieurs, que voici :

- le public est idiot ;

- le chauffeur de salle est idiot, il n’a rien compris à son travail ;

- le chauffeur de salle a une dent contre l’animateur de l’émission et fait tout pour lui couper ses effets ;

- le public n’aime pas le chauffeur de salle et cherche à le faire virer ;

- le casque du chauffeur de salle est défectueux, et il n’entend pas les indications que lui donne le réalisateur ;

- le chauffeur de salle s’est trouvé un autre emploi mieux payé, donc il s’affaire à saboter l’émission qu’il va bientôt quitter ;

- le chauffeur de salle a réclamé une augmentation, et le producteur la lui a refusée (voir le premier navet de Guillaume Canet, Mon idole) ;

Cette liste n’est pas exhaustive, comme on dit sur les sites mieux écrits que celui-ci. Et si vous avez des suggestions, je suis preneur. Merci d’avance.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Nicolas était vraiment un gars super sympa, avec qui on pouvait rire et blaguer, et qui recevait toujours le public du Vrai Journal avec un sourire. Cette époque me manque aussi :)
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Y
Il n’y a pas un mot à changer au commentaire de Dam. Je remarque simplement que je ne m’en prenais pas aux chauffeurs de salle, qui font un travail de soutier n’ayant rien d’un vrai métier.<br /> <br /> J’ai le meilleur souvenir de Nicolas, qui m’avait invité à visiter, de la cave au grenier, le siège de la société qui produisait Le Vrai Journal. Il m’avait même offert le T-shirt de<br /> l’émission ! On passait de bons moments, cette année-là.
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Y
Pour les concerts, comme ils ont lieu dans mon salon ou celui de ma tante Liliane, il va sans dire que j’entends intégralement les morceaux. Mais les autres hypothèses sont plausibles.
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D
Avez-vous déjà réussi à entendre la dernière note d'un concert? ou même celle de chaque morceau d'un concert?<br /> Moi, non.<br /> Alors j'ai une autre interprétation: les spectateurs se liguent secrètement et parient de l'argent sur la question: qui va applaudir le premier? ou bien dans le cas de la télé: qui va applaudir<br /> AVANT le signal du chauffeur de salle?
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D
J'ai assisté souvent avec toi au Vrai Journal, et je suis allé pas mal aussi à On ne peut pas plaire à tout le monde de Fogiel, en direct le vendredi soir, après l'enregistrement du Vrai Journal,<br /> ou officiait également Lydie. Le boulot ingrat des chauffeurs de salles, c'est de maintenir une ambiance chaleureuse dans le public. L'avantage du direct, et surtout avec Fogiel, c'est qu'on était<br /> incité à régir spontanément. Dans d'autres émissions enregistrées (j'en ai fait une sur TF1 et une sur France 2), c'est ultra cadré : vous applaudissez quand on vous fait signe, et jamais en<br /> dehors. Aucune spontanéité possible. Mais y allait de temps en temps permet de voir un peu l'envers du décor. Et se rendre compte qu'effectivement, chauffeur de salle, c'est vraiment un métier de<br /> merde.
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