Tiers-mondisme et mauvaise foi

Publié le par Yves-André Samère

L’oasis de Siouah, en Égypte, avait une curieuse réputation : on racontait que, dans l’Antiquité, les hommes y épousaient des garçons. Et sans s’appuyer sur une quelconque loi Taubira. Je soupçonne qu’il ne s’agissait que d’une légende, invérifiable de toute façon. Or j’ai bien connu un écrivain, que le public ignorait mais qui avait une grande réputation dans le milieu littéraire, et qu’un magazine homosexuel avait envoyé en Égypte pour y faire un reportage sur le Siouah d’aujourd’hui.

Il avait eu beaucoup de mal à s’y rendre, car aucun transport régulier ne reliait le Caire à cette oasis très éloignée, proche de la frontière libyenne, et il avait fallu qu’il bataille avec l’administration locale, c’est-à-dire avec l’armée, pour obtenir l’autorisation de se rendre sur place. Ulcéré, il inséra dans son article, au retour, la phrase suivante : « Les Arabes sont des cons, et les militaires égyptiens, des triples cons ».

Comme l’homme cultivait un tiers-mondisme très ostensible, que je ne prenais pas au sérieux parce que je connaissais l’individu tel qu’il était dans le privé, je m’était alors permis de lui faire une remarque peu aimable, bien plus tard. Et il se mit en colère, m’insultant et prétendant n’avoir jamais écrit de telles horreurs.

Il se trouve que je n’aime guère la mauvaise foi quand elle n’est pas soutenue par la dérision. Et, rentré chez moi, j’avais ressorti son article, en avais photocopié la page litigieuse, et la lui avais envoyée, encadrant en rouge le passage intéressant, avec, en marge, la mention « Pour solde de tous comptes ».

Il ne me répondit pas, et nous ne nous sommes jamais revus. Mais y a-t-il d’autres scripteurs tiers-mondistes qui pratiquent  le double langage ?

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