Autre mystère de la Chambre jaune
Je suis en train de relire Le mystère de la chambre jaune, fameux roman policier de Gaston Leroux. À ce propos, je vous signale que je le RELIS vraiment, puisque je l’avais déjà lu quand j’avais dix-huit ans, et que je ne suis pas en train de vous jouer la comédie de ces imposteurs qui vous annoncent qu’ils ont « relu » Proust au cours du dernier week-end. Quand je n’ai pas lu un livre, je ne dis pas que je le « relis », et ne rougis pas de mon inculture (crasse).
Gaston Leroux écrivait très bien, mais je suis tout de même tombé en arrêt, au chapitre 9, devant cette phrase qui m’a rappelé cette curieuse façon de s’exprimer, quand quelqu’un vous dit « Je ne suis pas espagnol, mais je le parle couramment ». La phrase qui m’a fait tiquer est celle-ci : « Je le suppliai de ne point se fâcher, mais il l’était déjà beaucoup trop pour m’écouter ». Cherchez l’erreur, je vous ai mis sur la voie dans la première phrase de ce paragraphe !
L’erreur, commune dans ces deux exemples, réside dans le sens du pronom personnel, le dans le premier cas et l’ dans le second. Que remplace ce pronom ? Rien ! Le nom que le devrait remplacer dans le premier exemple (la LANGUE espagnole) est absent, car on ne trouve à la place qu’un adjectif de nationalité – ce qui est bien différent. Et, dans le second exemple, le pronom l’ est censé remplacer l’adjectif FÂCHÉ, or on ne trouve que le verbe SE FÂCHER, ce qui, là encore, n’est pas la même chose.
(NB : non, cette remarque ne m’a pas été soufflée par un journaliste de France Inter. Aucun de ces ploucs ne verrait la moindre faute dans le cas présent)