Balles dans le pied et ailleurs
Le roi d’Espagne, Juan Carlos, a quelques petits ennuis, en ce moment. Parce qu’il s’est cassé la hanche à la chasse, les journaux de son pays ont un peu fouillé dans sa vie privée, et découvert qu’il était passionné de chasse à l’éléphant, bien sûr en Afrique. Certes, la chasse à l’éléphant est interdite un peu partout, mais, moyennant un honnête pourboire, les autorités des pays africains savent fermer les yeux. L’ennui, c’est que ce pourboire, ce sont les Espagnols qui le payent, à leur insu, et certains ont le mauvais goût de ne pas hurler leur joie à l’idée de contribuer au bonheur de leur souverain. Ils sont bêtes, ces Espagnols. Nous autres Français, quand notre président Giscard s’en allait chasser le gros gibier en Centrafrique au moins une fois par semaine, nous ne faisions pas tant de manières.
Comme si cela ne suffisait pas, voilà que le petit-fils du roi, un garçon de treize ans, s’est accidentellement tiré une balle dans le pied. Pas métaphoriquement, mais tout à fait réellement, en manipulant une arme à feu.
Néanmoins, à la place du roi, on serait rassuré : ce petit incident prouve que le petit-fils en est bien de son sang ! En effet, en 1956, lorsqu’il avait dix-huit ans et n’était donc pas encore roi, Juan Carlos a... tué son frère cadet Alfonso d’un coup de pistolet, dans la résidence de ses parents, à Estoril, au Portugal. Le pistolet avait été offert quelques semaines auparavant par Franco.
Là aussi, c’était un accident. Mais tous les Espagnols n’ont pas oublié. On ne les savait pas si mesquins...