Bassesse et lâcheté, deux mamelles des médias
Je sais, il est possible que j’aie deux ou trois défauts. Si-si ! En cherchant bien. Mais il y en a un que je n’ai pas, c’est celui consistant à me moquer des faibles. Je trouverais absolument répugnant de railler quelqu’un qui n’est pas intelligent, parce que ce n’est pas de sa faute. De même, jamais je ne me paierais la tête d’une fille sous le prétexte qu’elle ne ressemble pas à Naomi Watts.
Cette semaine, ça a été un festival : dans les médias, chacun s’est vautré dans la lâcheté, la bassesse et la vulgarité, et a raillé cette pauvre fille de quinze ans que la police française a expulsée au Kosovo. Tous, les Guignols sur Canal Plus, le tandem Laurent Gerra-Régis Mailhot sur RTL, Didier Porte sur Médiapart, tous ont impitoyablement raillé son physique – à croire que la malheureuse s’est arrangée pour ne pas ressembler à Nabilla. À défaut de posséder une grande culture, tous ceux-là ont du métier, et parfois un soupçon d’esprit, qui leur permettraient de viser plus haut. Comme disait le personnage de Brigitte Bardot, accusée de meurtre dans La vérité de Clouzot, à l’avocat Paul Meurisse qui tentait (« Et vous êtes devenue sa maîtresse sur son vélo ? ») de la ridiculiser : « C’est facile de faire rire ». À quoi Charles Vanel ajoutait : « Oui, et c’est odieux ! ».
Donc, à votre aise, les gars. Mais c’est de vous que vous avez fait le portrait le plus cruel. Et le plus ressemblant.