Caracoler n’est pas galoper
Franchement, elle est ridicule, cette expression que les journaux emploient chaque jour : « Machin caracole en tête des sondages ». On croirait vraiment qu’aucun journaliste n’a jamais ouvert un dictionnaire. Non seulement le mot caracoler rappelle fâcheusement le terme espagnol caracol, qui signifie escargot (un comble quand on veut être en tête !), mais il n’a pas le sens que ces zozos croient lui donner !
Le Littré affirme que le verbe caracoler appartient à l’art militaire, et que c’est le mouvement d’un escadron « quand il tourne sur sa droite ou sur sa gauche, par rangs, non par files ».
Le dictionnaire de l’Académie française, version de 1762, le disait déjà : c’est bien un mouvement en rond, ou en demi-rond, « qu’on fait faire à un cheval, en changeant quelquefois de main ». Furetière, en 1690, précisait même « demi-tour, à gauche ou à droit [sic], en changeant de main, afin que l’ennemy soit toûjours incertain si on l’attaquera de front, ou de flanc » (orthographe d’origine).
Ainsi, pas d’ambigüité, lorsqu’on caracole, on fait faire à son cheval un demi-tour. On ne galope pas en tête !