Cerveau en panne ?

Publié le par Yves-André Samère

Forcément et plusieurs fois par mois, vous lisez – ou entendez dire par des zigotos d’autant plus péremptoires qu’ils ne connaissent rien à ces questions et n’ont fait aucune étude de médecine –, que « nous n’utilisons que dix pour cent des capacités de notre cerveau ». Je viens, encore hier, de me voir proposer un livre qui se veut une encyclopédie de la chose, et dont l’auteur, par modestie sans doute, ne mentionne pas son nom. Ce livre me rappelle furieusement les bouquins de ces charlatans qui vous jurent de vous faire maigrir alors que leurs concurrents n’y parviendront jamais (un de mes amis a suivi pendant quelques mois le fameux régime Dukan, a perdu quelques kilos, et les a regagnés au-delà de toute espérance, quelques semaines après avoir cessé de le suivre). Bref, ils ne manquent pas, ces escrocs de tout poil qui vous font les poches encore plus sûrement que les pickpockets dans le métro, et avec moins de risques : eux se font fort de vous faire utiliser les quatre-vingt-dix pour cent restants qui meurent d’ennui dans votre encéphale...

Je ne sais d’où est sortie cette théorie. Probablement pas d’un cerveau en état de marche, ce qui, finalement, ne fait que confirmer ce que disent ces zozos, selon le principe bien connu du boomerang.

Dès qu’on parle à un vrai spécialiste du cerveau, il a une tout autre idée, plus réaliste : cet organe ne fonctionne pas en permanence en utilisant toutes ses capacités, c’est vrai, car les diverses zones qui le composent se reposent de temps en temps, et à tour de rôle, comme tout un chacun. D’autre part, le cerveau, c’est aussi vaste et aussi complexe qu’une grande capitale, qui est un assemblage hétéroclite de nombreux quartiers, lesquels ne sont pas tous actifs en même temps, puisque les zones industrielles sont bien distinctes des zones résidentielles, par exemple. Si bien que telle zone du cerveau peut parfaitement être très active à tel moment, moins à d’autres, et pas du tout si rien ne la concerne à tel instant : si vous n’êtes pas en train de lire, la zone de votre cerveau qui régit la lecture prend ses quartiers d’été. Croire qu’il existe à tout instant un pourcentage fixe d’utilisation du cerveau, c’est aussi réaliste que de prétendre, comme on le lit un peu partout, que New York est « la ville qui ne dort jamais ».

Je ne crois pas devoir développer la comparaison, elle est suffisament parlante. Mais je demande en revanche qu’on m’explique COMMENT on a pu mesurer que dix pour cent du cerveau est utilisé, par qui la mesure a été faite, dans quelles circonstances, et où le résultat a été publié.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Exact ! J’imagine que Jules César pensait trop.
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M
Si d'aventure la totalité du cerveau s'active en même temps, il s'agit ni plus ni moins d'une crise d'épilepsie.<br /> Beaucoup moins vendeur pour tous ces auteurs de "manuels".
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