Comment l’enseignement s’est sabordé

Publié le par Yves-André Samère

Michel Onfray est un philosophe de gauche, athée, camusien, n’aimant pas Sartre. Sympathique, donc. On lui demande à quoi il attribue l’effondrement du système de l’enseignement en France. Onfray, qui a enseigné vingt ans dans un lycée technique, est qualifié pour répondre. Après avoir placé une remarque très justifiée, selon laquelle on a tort de croire que l’éducation et l’enseignement sont la même mission (il aurait pu rappeler que, sous la Troisième République, le ministère de l’Éducation nationale s’appelait « ministère de l’Instruction publique », c’était moins prétentieux et plus vrai), il lâche donc sa bombe : tout est venu de la confusion des genres née en 1968.

En effet, autrefois, les choses étaient nettes : de même que les parents avaient autorité sur leurs enfants parce qu’ils en savaient davantage, il y avait à l’école les maîtres d’un côté et les élèves de l’autre, les premiers ayant autorité sur les seconds pour la même raison. Ce principe de bon sens n’était mis en doute par personne.

À partir de 1968, on a tout mélangé (selon le principe inventé par Pierre Dac, que tout est dans tout et réciproquement), et cru comprendre qu’il suffisait de mettre élèves et maîtres en contact pour que l’osmose se fasse, et que chacun instruirait (et éduquerait) son voisin, y compris du camp d’en face. Fatale erreur. C’est à peu près à cette époque qu’on entendait le journaliste de radio Jacques Chancel placer aussi souvent que possible son couplet pseudo-humaniste : les enfants sont merveilleux, nous avons tout à apprendre d’eux parce que les adultes ont perdu cette faculté d’émerveillement et ont « tout oublié ». Sic.

Cette imbécillité a fait des ravages, et d’abord aux plus hauts niveaux. J’en ai été témoin au cours d’une conférence que faisait à l’Université de Rabat une inspectrice générale de l’Éducation nationale venue de France, discourant devant un parterre de futurs professeurs. Elle y racontait combien elle « avait appris de ses élèves », et prédisait à ses auditeurs la joie qui serait la leur d’être, à leur tour, les élèves de leurs élèves !

Par chance, ceux-ci n’en ont jamais rien su. Ils auraient bien ri.

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