Démocratie fictive

Publié le par Yves-André Samère

J’ai déjà écrit que j’étais allergique au Front National, à la bêtise affichée de ses adhérents (allez donc, un jour, faire comme moi un tour dans une de ses manifestations, et tendez l’oreille aux propos qu’ils y tiennent entre eux : c’est édifiant), et à ses idées comme à son programme politique. Aucune équivoque là-dedans, je n’ai rien à faire avec ces gens-là.

Cela dit, impossible d’approuver qu’on leur coupe la parole, et notamment par les moyens légaux que se paye à bon compte le gouvernement, en empêchant ce parti d’avoir des représentants à l’Assemblée nationale. Laissez-les parler, laissez-les se ridiculiser publiquement, plutôt que de les bâillonner ! Ce sera plus efficace, et certainement plus honnête et démocratique. Car, ou j’ai mal compris, ou la démocratie n’est pas le régime permettant de réduire par tous les moyens ses adversaires au silence. Or, en 2002, Le Pen a ramassé 19 % des voix au second tour de l’élection présidentielle, mais le FN n’a pas eu un seul député aux élections législatives. 19 % des citoyens, 0 députés. Pas normal. Ce n’est pas de la démocratie, c’est de la manipulation, du tripatouillage, de la magouille.

C’est que, chez nous, l’idée de laisser parler les autres a du mal à se frayer un chemin. Écoutez donc les débats télévisés : on n’y cherche qu’à couper la parole à celui d’en face, quitte à ce qu’il fasse de même, et qu’en fin de compte, personne n’arrive à s’exprimer clairement. Je crois savoir qu’en Angleterre, on raisonne autrement.

Et les débats oraux ne sont pas les seuls qui soient truqués, les votes aussi, on s’assoit dessus. Ainsi, en juin 2005, on a voté par référendum pour savoir si le projet de Constitution européenne serait adopté ou non par les Français. Résultat : non à 54,7 % ! C’était une réponse indiscutable, mais cela n’a pas empêché Sarkozy, parvenu au pouvoir, de flanquer à la poubelle ce verdict des urnes et de faire adopter, non plus par le peuple directement, mais par une majorité parlementaire qui lui était acquise, le traité de Lisbonne qui annulait le résultat de ce vote (et on s’étonne que le peuple français s’abstienne massivement lors du scrutin suivant).

Bilan : tout ce qui vient du peuple est méprisé, tenu pour nul et non advenu, et l’on a fabriqué l’adjectif populiste pour mieux le déconsidérer. C’est brillant.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
<br /> Entièrement d'accord. Laissons parler ces gens, qu'ils aient une représentation nationale. Au moins, ils ne se prendraient pas pour des victimes.<br /> <br /> <br />
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