Didier Porte sanctionné
Les statistiques de ce blog m’apprennent que ses visiteurs s’intéressent beaucoup aux tribulations de Didier Porte sur France Inter. Comme deux journaux ont annoncé hier qu’il était menacé de renvoi, un petit résumé est peut-être opportun.
Porte est entré à France Inter en 1994, il a collaboré à diverses émissions de divertissement, dont Rien à cirer, puis il a été renvoyé au début de 1997, pour avoir égratigné Johnny Hallyday dans une chronique : le directeur des programmes, Jacques Santamaria, lui reprochait alors son « inhumanité » (sic !). Ajoutons, ce que personne n’a mentionné nulle part, que Gérard Miller, qui chroniquait alors dans leur émission commune Les p’tits déj’s, l’avait débiné à l’antenne auprès de Laurent Ruquier, en ces termes élégants : « Laurent, je dois vous dire qu’un de vos chroniqueurs dit du mal de vous dans votre dos » (ce que jamais Miller ne ferait, bien sûr !), à quoi Ruquier avait répondu « Je sais, d’ailleurs il ne viendra plus ». Et, dès le lendemain, Porte disparaissait de la station !
À la rentrée de septembre 1999, Porte est réintégré comme chroniqueur dans l’émission de Laurence Boccolini, Rien à voir, qui décalquait Rien à cirer, l’ancienne émission à succès de Laurent Ruquier. À cette date, le directeur des programmes de France Inter est Jean-Luc Hees, et le président de Radio France est Jean-Marie Cavada... qui ne connaît pratiquement personne dans la maison ! Fin février 2000, Hees renvoie Laurence Boccolini, qu’il trouve « vulgaire », et la remplace par Stéphane Bern ; l’émission est rebaptisée Le Fou du Roi, et elle dure encore. Quelques chroniqueurs, comme Chraz ou l’imitateur Jean-Éric Bielle (qui venait des Guignols de Canal Plus), sont également congédiés.
Le vendredi 24 janvier 2003, Porte lit au micro une chronique dans laquelle il dit que Paul-Loup Sulitzer a cessé d’importer des armes en Angola, et qu’il importe à la place, en France, des putes d’Europe de l’Est ; il vise la jeune « fiancée » polonaise de Sulitzer. Ce dernier exige des excuses de France Inter, et Porte est mis à pied pour trois semaines par Hees. Il n’est pas renvoyé, car Guy Carlier a expliqué à Hees que lui-même, Carlier, avait dit la même chose à l’antenne la veille ! Mais Carlier n’encourra aucune sanction. Quant à Cavada, il se contente de demander à Hees qui est Porte...
Lorsque s’achève le mandat de Cavada, il est remplacé par Jean-Paul Cluzel, lequel se sépare de Jean-Luc Hees, qui espérait mieux et va faire une émission à la télévision. Cluzel prend Frédéric Schlesinger comme directeur de France Inter. Schlesinger, homme courtois et pondéré, apprécie beaucoup Didier Porte et demande à Bern d’augmenter la fréquence de ses passages au Fou du Roi. Porte passera donc tous les jours ouvrables, au lieu de deux fois par semaine. Trop occupé désormais, il quitte la radio parisienne Ouï-FM, où il assurait chaque matin une chronique sur la télévision. À la rentrée de septembre 2008, il fera, en plus, une chronique hebdomadaire dans la case (très recherchée) de la matinale de France Inter, à 7 heures 53.
Au printemps 2009, le mandat de Jean-Paul Cluzel à la présidence de Radio France s’achève. Il part, ainsi que Frédéric Schlesinger, et Sarkozy, le président de la République, nomme Jean-Luc Hees à sa place. Nul n’ignore que cette nomination est due au fait que son nom a été suggéré... à son épouse Carla, par un ami de la chanteuse, Philippe Val, chroniqueur sur France Inter le vendredi et directeur de « Charlie-Hebdo ». Dès son installation, Hees renvoie Schlesinger qui l’avait remplacé – voir plus haut –, et prend Val comme directeur de France Inter !
Dès que le nom de Val a été avancé, Didier Porte a su qu’il était menacé. En effet, Val le déteste pour sa participation au journal « Siné-Hebdo », hebdomadaire créé après le renvoi par Val, de « Charlie-Hebdo », du dessinateur Siné. Pendant presque un an, rien ne se passe, mais la chronique de Porte, prononcée à la matinale le 20 mai 2010, est le prétexte attendu : pour avoir prononcé à l’antenne le verbe enculer, Porte reçoit un avertissement par lettre recommandée, sa chronique va sans doute être supprimée, et sa participation à l’émission de Bern est remise en cause. Pourtant, il n’y avait eu aucune réaction lorsque, le 3 mars 2009 à la même heure, Stéphane Guillon avait dit « Mon père est un enculé, mon grand-père était un enculé, et mon fils est une belle petite saloperie ». Cette chronique n’a jamais, à ce jour, été censurée. Oui, mais Guillon n’a jamais non plus écrit dans « Siné-Hebdo » !