Dieudonné, ses dettes et ses magouilles
J’ai de curieux lecteurs, qui, d’une part, sont inaccessibles à l’humour et, d’autre part, se révèlent peu enclins à se renseigner quand une question se pose à eux. Pourtant l’humour est assez pratiqué en France, y compris par certains personnages qu’ils admirent, et Internet peut vous trouver à peu près tous les renseignements dont vous avez besoin.
Pour avoir dit qu’on devrait rétablir la prison pour dettes, et en faire bénéficier Dieudonné, je suis donc questionné par quelqu’un qui ne sait pas pourquoi le fisc réclame de l’argent au pseudo-comique. La réponse est pourtant publiée un peu partout, et « Le Canard enchaîné » a fait récemment, le 12 février, un article très documenté, non seulement sur les délits commis par cet agitateur et sur les condamnations dont il a écopé, mais aussi sur son état de fortune, qui est loin d’inspirer la pitié. Et qu’on ne vienne pas raconter que « Le Canard » ment : depuis 1915, jamais il n’a été convaincu d’avoir publié un bobard. D’ailleurs, si Dieudonné pouvait prouver que ce journal a menti, il ne tenait qu’à lui de porter plainte pour diffamation ou divulgation de fausses nouvelles ; mais il s’en est bien gardé !
Les délits de Dieudonné ? Incitation à la haine raciale ; négation de crimes contre l’humanité ; et organisation fallacieuse de son insolvabilité (il a mis tous ses biens au nom de sa mère et de sa maîtresse). Or il est très loin d’être pauvre, puisque, au contraire, il a proposé d’acheter à ses voisins, dans son village, et pour 370 000 euros, les terres qui environnaient sa propriété, afin de l’agrandir. Et je passe sur son compte en banque, où affluent les dons de ses admirateurs, et destinés en partie à payer ses amendes – autre délit, puisque la loi interdit de faire régler par autrui les frais de ses condamnations. Bilan : après le 8 janvier 2013 et ses gémissements sur Internet, 1761 gogos ont versé sur son compte, à la Banque Populaire de Houdan, la modeste somme de 561 451 euros (non, il n’y a pas de faute de frappe). Et une perquisition a révélé chez lui un magot en liquide de 600 000 euros et 15 000 dollars. On verra ICI la photocopie d’un extrait de son compte bancaire, prouvant la multiplicité des dons que lui font les gens qu’il dupe en pleurant misère. « Le pauvre homme ! », comme disait Orgon à propos de Tartuffe.
Faut-il rappeler, pour en revenir à mon introduction, qu’on a déjà flanqué en taule des célébrités, pour n’avoir pas payé leurs impôts, ou avoir un peu escroqué leurs contemporains : Richard Anthony, Guy Lux, Danièle Gilbert, et, en Italie, pour un mois, non moins que... Sophia Loren !