Discours après mon élection

Publié le par Yves-André Samère

Mes chers compatriotes, vous m’avez élu avant-hier à la Présidence de la République, et je vous en remercie. Je n’ai pas encore pris mes fonctions ni choisi de Premier ministre, mais je puis déjà vous annoncer que, si vous m’avez préféré à tout autre candidat dans l’espoir que je tiendrais les promesses que je vous avais faites durant ma campagne électorale, il y en a une que je tiendrai avant toutes les autres, avec d’autant plus de conviction que je ne vous l’ai pas faite !

Cette promesse, que je ne vous ai pas faite parce que je voulais éviter d’être taxé de démagogie, je la tiendrai dès ma prise de fonction la semaine prochaine, et d’autant plus facilement qu’elle ne coûtera rien au budget de l’État. Car, vous le savez tous, le pays est ruiné. Le gouvernement qui sera installé prochainement, par conséquent, sera dans l’incapacité d’augmenter le SMIC, de moderniser notre armée, nos transports et notre Éducation ; il ne pourra rien pour la Culture ni pour la Santé ; quant à notre économie et nos finances, leur sort n’est pas entre ses mains.

Dès lors, le premier changement que vous constaterez sera, vous vous en doutez, un changement symbolique. Symbolique, mais important, car tout à fait inédit. En effet, j’ai décidé, sans prendre l’avis de quiconque, de renoncer à mon salaire de président de la République. Et d’y renoncer complètement !

Contrairement à tous mes prédécesseurs, dont certains se contentèrent de peu mais d’autres, au contraire, augmentèrent leur propre rétribution au-delà de toute décence, profitant du fait qu’ils n’étaient contrôlés par personne, je considère en effet que l’honneur d’être placé à la tête de l’État, et le degré de confiance que cela suppose de la part des électeurs, est une compensation suffisante aux efforts que j’entends faire pour le service du pays. On dit souvent du pape qu’il est le « serviteur des serviteurs de Dieu », j’entends n’être rien de plus que le serviteur des agents de l’État et des citoyens qui le constituent.

En conséquence, je n’accepterai ni ne solliciterai à aucun moment de percevoir le moindre traitement, même pas celui du fonctionnaire le moins bien placé dans l’échelle des salaires. Et, le moment venu, lorsque j’aurai achevé mon mandat, j’entends bien faire en sorte qu’aucune retraite ne me soit versée, qu’aucun logement ne me sera offert par la République, qu’aucune voiture de fonction, aucun bureau, aucun garde du corps ne me seront affectés. Injustifié, inutile et dispendieux, tout cela. Je rentrerai chez moi, dans le domicile qui pour quelques jours est encore le mien, et ne profiterai d’aucun privilège. L’Histoire romaine a montré, au moins une fois, avec Cincinnatus, que cela est possible. Certes, ce n’est jamais arrivé chez nous. Raison de plus.

C’est tout ce que je puis vous dire aujourd’hui. Mais, naturellement, je reviendrai vous entretenir de mes autres résolutions.

Mes chers compatriotes, je vous souhaite une excellente journée.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Il a existé un chef d’État qui s’est contenté d’une voiture modeste. C’était Thomas Sankara, élu président du Burkina Faso. Il habitait une modeste villa et conduisait une voiture du genre Twingo. Très populaire auprès des pauvres, il a, bien sûr, été assassiné par un de ses proches, Blaise Compaoré, qui a pris sa place, et que la France a accepté sans broncher. Compaoré est toujours en place.
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Y
<br /> Et bien d’autres mesures, qui ramèneraient le président de la République à un niveau décent qui ne soit pas monarchique.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Vendre l'avion présidentiel, se déplacer en Twingo, en train, ou en avion de ligne pour les longues distances.<br /> Recevoir amis et famille à ses frais.<br /> Se contenter de deux gardes du corps.<br /> <br /> <br />
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