Dragueur

Publié le par Yves-André Samère

C’est notoire, Jean-Pierre Mocky (je l’ai rencontré) est un assez mauvais cinéaste, incapable de s’en tenir à un scénario, qui bâcle ses tournages, laisse ses acteurs jouer n’importe comment, et d’ailleurs ne les paye pas – mais ils se battent pour être engagés par lui, car il leur donne des rôles inhabituels, ce qui dépoussière un peu leur filmographie. Pas très futé non plus, puisque, lorsqu’il a voulu tourner un film contre la peine de mort, il a en réalité, bourde classique, fondé son scénario sur... une erreur judiciaire. « Prouver » (en 1978, dans Le témoin) qu’on ne doit pas guillotiner un innocent, quelle trouvaille philosophique !

Si bien que Mocky ne restera dans l’histoire que pour une seule raison, et elle est sémantique. C’est lui en effet qui a inventé le terme dragueur, non plus dans le sens maritime (dragueur de mines, comme dans Ouragan sur le “Caine”), mais tel qu’on le comprend aujourd’hui : un type qui fait la chasse aux filles. Cela peut être précisément daté, avec son premier film, Les dragueurs, sorti le 29 avril 1959. Les vedettes en étaient Jacques Charrier (le deuxième mari de Brigitte Bardot et le père de son unique fils), Charles Aznavour, Dany Robin, Dany Carrel, Estella Blain et Anouk Aimée.

Consolation : tous les cinéastes ne laisseront pas une trace aussi durable.

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