Hitchcock et Truffaut sur France Inter

Publié le par Yves-André Samère

Hitchcock et Truffaut succédant à Daniel Morin, c’est une des joyeusetés de France Inter. En effet, à l’heure, midi et quart, où l’humoriste macho sévissait, on diffuse depuis lundi des extraits d’une conversation qui s’est poursuivie durant des années entre les deux réalisateurs. Truffaut était devenu un ami d’Hitchcock avant d’être cinéaste, quand il était critique de cinéma, un jour où, en compagnie de Claude Chabrol, il était allé l’interviewer dans son hôtel. Il fallait traverser une cour où se trouvait un bassin rempli d’eau, c’était l’hiver, il faisait très froid, l’eau avait gelé, et les deux journalistes, croyant marcher sur du solide, s’étaient engagés sur la glace, qui bien sûr s’était brisée, et ils s’étaient retrouvés dans l’eau glacée. Depuis, Hitchcock avait coutume de se payer leur tête : « Messieurs, chaque fois que je vous revois, je pense à des glaçons dans mon verre de whisky ! »

Truffaut avait imaginé d’interroger Hitchcock sur la totalité de sa carrière, et leur première conversation s’était étalée sur cinquante heures, abordant tous les films. Contrairement à Laurent Weil, il ne parlait pas l’anglais, mais lui connaissait son sujet, possédait une solide culture, et avait revu tous les films du maître avant de commencer. Or cette conversation, qui fut réactualisée les années suivantes quand un nouveau film s’ajoutait à la filmographie d’Hitchcock, a donné lieu au livre le plus complet sur la mise en scène de cinéma, et c’est dans ce livre que j’ai tout appris (je possède les trois éditions : Robert Laffont en 1966, Ramsay en 1983, et Gallimard en 1993). Inutile de lire autre chose, il y a tout !

J’ai rigolé, hier, en écoutant l’émission : comme Truffaut ne parlait pas du tout l’anglais (il n’a jamais pu apprendre), et que Sir Alfred comprenait le français mais le parlait très mal, l’interview s’est faite à trois personnes. La journaliste canadienne Helen Scott faisait la traduction dans les deux sens. Bref, on diffusait le passage de l’interview portant sur le film The lodger, qui fut le premier film important d’Hitchcock. L’histoire est celle d’un homme qui loue une chambre à Londres, et la fille de sa logeuse croit comprendre qu’il s’agit de Jack l’Éventreur ! Je précise qu’elle se trompait. Or, quand Hitchcock mentionne « Jack the Ripper », surprise ! Helen Scott traduit par « Barbe-Bleue ». Et c’est Truffaut lui-même qui rectifie : « Jack l’Éventreur ». Nox nocti indicat scientiam.

(Comme je ne veux agacer personne, cette locution latine signifie en gros « La nuit enseigne à la nuit », je l’aime beaucoup et je la replace chaque fois que je peux)

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