Droit d’auteur sur... son postérieur
Il est peu probable que vous soyez très familier de Kim Kardashian. Cette dame, à l’instar de Nabilla ou de Paris Hilton, est surtout connue pour... être connue. Autrement dit, elle ne fait rien, mais elle le fait savoir bruyamment. Dur métier.
Naturellement, il faut au moins avoir une spécialité, si on veut passer à la télé, ce qui est le but ultime. Pour Nabilla d’avant le coup de couteau administré à son amant, c’était l’exclamation d’une profondeur abyssale qui a suffi à la rendre célébrissime : « Allô, quoi ! ». Convenez qu’à côté de cela, Shakespeare et Victor Hugo font un peu amateur. Pour Paris Hilton, ça a été la fortune de son père et un ou deux petits rôles au cinéma (son meilleur film a été La maison de cire, de Jaume Collet-Serra, en 2005) et surtout à la télévision, dans des séries que je ne me console pas de n’avoir pas encore vues, mais je promets de m’amender. Et pour Kim Kardashian, c’est... sa paire de fesses, reconstruite par la chirurgie esthétique sans que Bouygues y soit pour rien. Elle a su compléter cet indéniable avantage en épousant un rappeur connu sous le nom de Kanye West, dont certainement vous possédez tous les disques. Pardon : tous les albums (comme père, mère, commencer et travailler, le mot disque est devenu obscène dans les médias).
Être célèbre, c’est bien beau, encore faut-il protéger son pré carré. Et la première précaution consiste à veiller sur ce que vous êtes seul(e) à posséder, qui peut être votre nom, votre coupe de cheveux, un slogan qui vous désigne ou désigne ce que vous vendez (en général une marque de vêtements ou de parfum, voire de cigarettes si, comme Alain Delon, vous les vendez à l’étranger, lequel n’a pas notre pudeur nationale, or les cigarettes Alain Delon sont vendues au Cambodge), ou tout ce que vous imaginez ou ferez imaginer par vos conseillers en communication. Et vous utiliserez pour cela cette arme imparable : le droit d’auteur. Oui, d’auteur.
Eh bien, madame Kardashian, qui a déjà un si joli nom propre à la rime riche, a pris acte du fait que ses fesses constituaient une caractéristique unique, lui donnant droit à revendiquer l’originalité de leurs formes, et à s’opposer à toute tentative de plagiat. C’est ainsi qu’elle a vivement réagi lorsqu’une certaine Jen Selter, qui publie des photos un peu olé-olé sur le site Instagram, lui a « volé des poses » qu’elle-même avait adoptées en se faisant prendre en photo. Et elle a engagé des avocats pour porter plainte contre ce malotru femelle (désolé, je n’ai pas trouvé le féminin de malotru, aidez-moi), argüant de l’originalité des attitudes qu’elle avait inventées.
Moi je n’ose plus griffonner à la terrasse d’un café, de crainte qu’un héritier de Jean-Paul Sartre me traîne devant un tribunal.