Du moustique et autres bestioles
Il m’est arrivé parfois de poser à de jeunes Africains la question suivante : « Quel est à votre avis l’animal le plus dangereux de votre continent ? »
Invariablement, j’obtenais des réponses pas très inattendues, mais complètement fausses : le lion, l’éléphant, le serpent cracheur, la vipère cornue, le scorpion, etc. Jamais on ne m’a répondu que c’était le moustique ! À part cela, les Africains sont « proches de la Nature ». Sic. Ils ne la connaissent pas, en fait, et en ont peur.
Pourtant, en nombre de victimes, le moustique, et plus précisément sa femelle, porte le parasite vecteur du paludisme, qui provoque deux millions de morts chaque année, principalement en Afrique. Rien ne semble devoir arrêter ce fléau. Nous avons en France un spécialiste des maladies tropicales, Marc Gentilini, l’un des meilleurs spécialistes au monde de ces maladies, ancien professeur à la faculté de médecine de Paris et chef de département à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où il avait deux cents personnes sous ses ordres. Il est aujourd’hui en semi-retraite, mais il s’est battu toute sa vie pour obtenir des crédits afin de financer ses recherches. Peine perdue, en France, on se fiche bien du paludisme. « Les douze dernières années de ma carrière hospitalière, a-t-il déclaré, ce sont douze années d’échec ». À 82 ans, il est aujourd’hui et depuis 2009 délégué général de la fondation Chirac pour l’accès aux médicaments et à une santé de qualité.
Son livre, Médecine tropicale, se trouve très facilement, et il a été réédité plusieurs fois.