Du président et des ponts
C’est beau, c’est grand, c’est magnifique, les règlements qui régissent en France la protection du président de la République. Je ne sais pas comment cela se passe à l’étranger (c’est sûrement moins ridicule), mais chez nous, la petite personne de ce grand personnage est jugée si précieuse que les précautions les plus extrêmes sont prises afin que, surtout, il ne lui arrive rien.
C’est ainsi que le président ne peut pas voyager en train ! Certes, en théorie, il le pourrait, mais les règles de sécurité prescrivent que tous les ponts sur lesquels devrait passer son train doivent être gardés par la gendarmerie. Or les ponts ne manquent pas, chez nous – la seule ville de Paris en compte… trente-sept, rien qu’au-dessus de la Seine, si je ne m’abuse ! Et je ne compte pas les cinquante-huit ponts qui passent au-dessus d’autres voies, les dix ponts utilisés par la RATP, les trente-trois ponts réservés au seul usage de la SNCF, les cent cinquante-huit ponts franchissant le boulevard périphérique et les quarante-neuf passerelles pour piétons ! Oui-oui, tout cela, rien qu’à Paris.
Il est donc impossible de mobiliser autant de forces armées au moindre déplacement du chef de l’État, qui doit se résoudre à ne voyager qu’en avion.
Que se passerait-il si on élisait un président qui a peur en avion ? Après tout, cela existe, la peur de l’avion, même chez des gens très bien. Non, je ne parle pas de François Baroin, mais Stanley Kubrick avait horreur de se déplacer en avion, par exemple. Vous me direz que ce type, avec sa mentalité, n’avait aucune chance d’être élu où que ce soit, certes.