Égarés !
Elle est ubuesque, cette histoire des deux couples de touristes qui louent une petite embarcation pour visiter les gorges du Verdon, puis se querellent, abandonnent leur esquif et quittent la région sans rien dire à qui que ce soit, pas même au loueur de canot. Résultat : durant plus de vingt-quatre heures, tous les sauveteurs de la région les cherchent, sans seulement savoir que ce sont quatre adultes, et non pas, comme on l’avait cru, un couple avec une petite fille !
Bien entendu, la facture est salée : gendarmes, plongeurs, chiens, hélicoptères, radios. Mais à qui la présenter, cette facture ? Les quatre zozos n’ont rien demandé, ils ignoraient même qu’on les cherchait. Aucun délit dans tout cela, donc aucune poursuite judiciaire possible.
Je suggère qu’on sanctionne... le loueur de bateaux ! Dans sa hâte d’écouler le maximum de locations, ce type ne demandait rien à ses clients, pas même leur identité (et aucune caution non plus ? C’est curieux). Ce genre de commerce est illégal, me semble-t-il. Imaginez un loueur de voitures qui se montre aussi léger...
Cela dit, à la base, le coupable, c’est le tourisme ! Cette rage de rentabiliser ses quelques jours de vacances annuels débouche sur des comportements absurdes et irresponsables. Il serait peut-être temps qu’on prenne conscience de la vanité des vacances touristiques. Certains pays, comme la Tunisie, ont transformé leur population en une nation de larbins, parce que, officiellement, le tourisme y est vu comme un bienfait, puisqu’il rapporte de l’argent (les Algériens se sont montrés plus futés : ils sont si désagréables avec les étrangers que personne n’a envie d’aller faire du tourisme chez eux). Mais les dommages collatéraux, on feint de ne pas les voir. Il y a quelques années, un vague copain maghrébin, qui devait rendre à son professeur une dissertation sur le tourisme et ne savait pas quoi écrire, m’avait demandé de lui faire son travail, et il s’attendait à je ne sais quoi. Il a été bien surpris du texte que je lui ai torché en un quart d’heure, un joli pamphlet contre le tourisme, quand il espérait des couronnes de lauriers à l’égard de cette institution, vivement louée dans son pays – qui n’était ni la Tunisie ni l’Algérie, donc devinez lequel. Je riais sous cape.