Éloge de Laurent Weil
Ce qu’il y a de bien au Festival de Cannes vu par Canal Plus, c’est que, chaque année, on ressort de la naphtaline le plus mauvais intervieweur de France afin de le proposer à l’admiration des téléspectateurs.
À ce préambule, vous avez deviné que je m’apprête à dire quelques mots gentils sur Laurent Weil, auquel, par un concours de circonstances inexplicables, on a confié la mission de parler du cinéma sur la chaîne. Sur Canal Plus, ils ont Martin Weil et Laurent Weil, or le second est formidable. Il ne connaît que deux questions, et cela donne à peu près ceci :
– Alors, Brad, vous êtes content d’être à Cannes ?
M. Pitt est poli, comme toutes les vedettes qui se soucient de conserver intacte leur popularité, et, quoique un peu blasé puisqu’il possède une maison dans la région, il évite de rétorquer que ces mondanités le bassinent, qu’il préfèrerait se trouver chez lui devant son Dubonnet, avec sa femme et les vingt-quatre enfants africains qu’il lui a offerts, et il jure que, bien entendu, il est suprêmement ravi d’être à Cannes et de pouvoir répondre aux questions si pointues de Mister Weil. De sorte que Laurent, se sentant encouragé, harponne alors une starlette qui a joué nue dans un film du pire réalisateur français :
– Alors, Adèle, quel effet ça fait de monter les marches ?
Adèle, qui préfèrerait peut-être que sa maman l’appelle pour se débarrasser du casse-pieds, s’abstient de répondre qu’elle porte une robe affreuse qui la serre trop, que sourire à ces crétins de photographes qui la tutoient lui flanque le cafard, et que plus jamais elle ne fera un film avec le même réalisateur. Elle bredouille alors une banalité avec la douzaine de mots qu’on lui a fait apprendre avant de quitter Paris, et elle s’éclipse vite fait.
Je compte vous offrir dans quelques jours le texte d’une interview menée par Laurent Weil, transcrite avec exactitude.