Éloge du bon sens

Publié le par Yves-André Samère

Je ne suis pas du genre à casser la baraque pour faire valoir mes opinions. En toute occasion, je reste modéré, préférant le simple bon sens aux théories délirantes. Allez-y, traitez-moi de « centriste » si ça vous amuse, peu importe, ce n’est qu’un mot, et les mots, je m’en amuse, ça n’a pas dû vous échapper. Quant aux polémiques, je les tiens à distance raisonnable, et cela se passe généralement ainsi : lorsqu’il m’arrive d’émettre une opinion qui dérange quelqu’un et que ce quelqu’un riposte, je réponds, une première fois et calmement. Si le polémiste réplique et m’attaque encore plus violemment, je donne une réponse courte et argumentée, dans laquelle je mentionne que je n’irai pas plus loin, qu’il est donc superflu que mon interlocuteur se fatigue. Et tout s’arrête là s’il n’est pas totalement bouché. Vous ai-je déjà dit que je ne croyais pas du tout que de la discussion jaillirait la lumière, comme disaient nos ancêtres ? Pour moi, de la discussion ne peut jaillir que la bagarre, et je déteste cela. Après tout, il n’est pas indispensable que je convainque autrui du bien-fondé de mes idées.

(Et réciproquement)

Ainsi, à propos de cet artiste prétendu qu’on a autorisé à édifier sur la Place Vendôme un bidule glauque (au sens propre, puisque glauque est une nuance de vert, et ne signifie pas louche comme le croient une infinité de cancres), gadget absurdement provocateur et totalement dépourvu de la moindre trace d’art, je ne serais certainement pas allé jusqu’à gifler cet imposteur, comme l’a fait, dit-on, un inconnu, et d’autant moins qu’à soixante-dix ans, ce Don Diègue n’avait plus l’âge d’être baffé comme il aurait convenu trente ans plus tôt. Et puis, s’il fallait gifler tous les imposteurs, on ne pourrait jamais avoir de gouvernement. Mais il y aurait eu mieux à faire, et préventivement : les autorités qui régissent tout se qui passe à Paris dans les lieux publics, informées du projet, auraient pu lui dire d’aller se faire voir ailleurs, car la réaction populaire était prévisible, et tout ne pouvait que mal se passer.

Moralité : nos édiles ne connaissent pas cette notion de bon sens dont je parlais au début. On devrait l’enseigner dans les écoles. Cela nous éviterait quelques déboires, pas mal de ridicule, et le gaspillage de l’argent public.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

J
Malheureux ! Tu vas te faire traîter de réac' ! D'ennemi de l'art !
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Y
J’ai l’habitude. Tu n’avais pas remarqué que je me fichais toujours de l’opinion des autres ? Si, tu l’avais remarqué, comédien !<br /> <br /> Quant à “l’art”, si ça désigne les œuvres de Jeff Koons, de Paul McCarthy ou de John Cage, laisse-moi rire (à gorge d’employé, comme disait Béru).