Éloge (funèbre) de Mitterrand
Chaque jour que Dieu fait (et Il sait s’Il en fait !), je m’ébahis qu’il y ait encore autant de gens pour croire que Mitterrand a été un président tellement formidable qu’on devrait mettre son nom partout. C’est fou ce que les Français ont la mémoire courte, comme disait quelqu’un dont je veux – aussi – oublier le nom.
Certes, certes, j’admets que Mitterrand a mis sur les rails, à charge pour ses ministres d’exécuter la décision, deux ou trois changements qu’on ne peut qu’approuver : suppression de la peine de mort et dépénalisation de l’homosexualité. Rien à dire. Mais Giscard, son prédécesseur (je précise que je ne défends pas ici un Giscard que je déteste, car il a tout de même refusé son droit de grâce à un innocent, qu’on a guillotiné), Giscard, donc, en avait fait presque autant : abaissement de l’âge du droit de vote à 18 ans, légalisation de l’avortement, adoucissement de la censure cinématographique, ce n’était pas rien.
Or, prenez votre tête à deux mains, et réfléchissez : toutes ces mesures prises par l’un et par l’autre n’avaient aucune incidence économique. En d’autres mots, elles n’ont pas coûté un centime à la Nation ! En revanche, ce qui a coûté les yeux de la tête à la Nation (c’est une image), c’est la politique économico-financière de Mitterrand, qui ne connaissait absolument rien à l’économie, et le savait. Lui-même, n’ayant jamais un centime sur lui, laissait payer les autres, soit Roger Hanin, soit ce pauvre François de Grossouvre, qui a été si mal récompensé de son dévouement. Je sais, ce n’est pas un argument très solide, mais je revendique mon droit à la mauvaise foi.
Or, cherchez un peu dans les archives, et vous constaterez que, jusqu’au début des années quatre-vingt, la France n’était pas du tout endettée ! Elle a commencé à l’être sous Mauroy, Premier ministre, mais ce n’était vraiment pas sa faute, il était trop docile et il exécutait ce que lui ordonnait son ignorant de patron. Fabius, qui lui a succédé, n’a rien vu, et Delors, venu ensuite et qui était capable, arrivait trop tard.
Il restait une minuscule chance avec Raymond Barre, un véritable économiste, mais, sans aucun parti politique pour le soutenir, il n’a pas pu se faire élire à la présidence de la République. De toute façon, encore une fois, la dette était trop creusée pour pouvoir être comblée. Quant à Rocard, plus intelligent que tous ses prédécesseurs, le nommer Premier ministre ne visait qu’à l’émasculer politiquement, pas du tout à le laisser redresser les comptes. Depuis, nous sommes comme un type qui s’est égaré au milieu des sables mouvants : tous les mouvements que nous faisons n’aboutissent qu’à nous enfoncer...
La solution ? J’en vois une : il est bien connu que l’état de guerre, en fouettant les industries de l’armement, contribue puissamment à redresser une économie ruinée. En voilà une idée qu’elle est bonne ! Vous voyez un pays auquel on pourrait déclarer la guerre ? Andorre, le Luxembourg, le Liechtenstein ? Moi, je vote pour Monaco, principauté d’opérette possédée par la mafia russe. Le casino de Monte-Carlo, avec ses coffres pleins, nous dépannerait bien.