Ennemi des ennemis de la famille

Publié le par Yves-André Samère

 

Au nombre des (centaines de) travers que je déteste, il y a le sectarisme. Le sectarisme, ça consiste à supposer, voire affirmer, que tout individu qui ne partage pas votre opinion est un pourri qu’il faut combattre par tous les moyens, y compris mensonge, mauvaise foi et calomnie. Inutile de préciser que la politique est le champ idéal où poussent les sectaires, mais il y a aussi la religion.

Précision, que j’ai déjà donnée, il me semble : je ne crois en rien. Je ne suis pas agnostique, je suis athée. A-T-H-É-E. Sans nuance. Cela étant posé, je n’en conclus pas que tout croyant, voire tout ecclésiastique, est mon ennemi personnel. En ce domaine, je suis partisan de la coexistence pacifique, suivant en cela Georges Brassens vis-à-vis du Père Duval, célèbre « calotte chantante » de son époque : « Il me laiss’ dire merde, je lui laiss’ dire amen ».

Il se trouve que le cardinal-archevêque de Paris, André Vingt-Trois (que j’appellerai ici « A-23 » histoire de railler cette vantardise sur ses dimensions intimes), vient de publier, en prévision du 15-Août, une lettre pastorale, c’est-à-dire destinée à ses ouailles. Cette lettre, la voici, intégralement pour ne pas manquer à mon principe de base qui consiste à ne jamais truquer les documents (charitable comme il se doit, j’ai seulement corrigé une faute d’orthographe, et ne vous dis pas où elle se trouvait) :

Frères et sœurs,

En ce jour où nous célébrons l’Assomption de la Vierge Marie, sous le patronage de qui a été placée la France, présentons à Dieu, par l’intercession de Notre-Dame, nos prières confiantes pour notre pays :

1. En ces temps de crise économique, beaucoup de nos concitoyens sont victimes de restrictions diverses et voient l’avenir avec inquiétude ; prions pour celles et ceux qui ont des pouvoirs de décision dans ce domaine et demandons à Dieu qu’il nous rende plus généreux encore dans la solidarité avec nos semblables.

2. Pour celles et ceux qui ont été récemment élus pour légiférer et gouverner ; que leur sens du bien commun de la société l’emporte sur les requêtes particulières et qu’ils aient la force de suivre les indications de leur conscience.

3. Pour les familles ; que leur attente légitime d’un soutien de la société ne soit pas déçue ; que leurs membres se soutiennent avec fidélité et tendresse tout au long de leur existence, particulièrement dans les moments douloureux. Que l’engagement des époux l’un envers l’autre et envers leurs enfants soient un signe de la fidélité de l’amour.

4. Pour les enfants et les jeunes ; que tous nous aidions chacun à découvrir son propre chemin pour progresser vers le bonheur ; qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère.

Seigneur notre Dieu, nous te confions l’avenir de notre pays. Par l’intercession de Notre-Dame, accorde-nous le courage de faire les choix nécessaires à une meilleure qualité de vie pour tous et à l’épanouissement de notre jeunesse grâce à des familles fortes et fidèles. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur.

Ce texte anodin a été publié ce matin par le site Rue89, qui a été racheté par « Le Nouvel Observateur », journal de gauche bobo, et qui s’enflamme contre A-23. Le rédacteur, qui courageusement ne signe pas, a titré cette publication ainsi : La prière nationale d’André Vingt-Trois contre le mariage gay. Prétexte : le paragraphe 3 de la lettre, celui que j’ai mis en italiques, ainsi qu’un fragment dans le paragraphe 4. Comme vous voyez, A-23 a OSÉ mentionner les familles et « leur attente légitime d’un soutien de la société », et DONC, c’est un ennemi des homosexuels ! La même supposition a été reprise le soir par le journal de Canal Plus.

Ben oui, tout le monde sait que les homos sont les ennemis acharnés de la famille. La preuve, c’est que beaucoup réclament la possibilité d’en fonder une.

(NB : on peut toujours supposer que Untel pense – ou a voulu dire – ceci ou cela, mais tant qu’on n’en a aucune preuve, comme c’est le cas ici, cela reste pure spéculation)

(NB 2 : l’obstination absurde du mitré à marteler l’expression celles et ceux le place bien dans la droite ligne de la mode actuelle, consistant à doubler tout terme masculin par son équivalent féminin. Le cardinal sait caresser tout le monde dans le sens du poil)

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