Erreur au « Canard »
Encore un indice que les rédacteurs qui écrivent sur le cinéma au « Canard enchaîné » sont incompétents. Avant-hier est sorti en salles un film marocain, C’est eux les chiens, qui parle du sort d’un condamné venant de se taper... trente ans de taule dans son pays pour avoir manifesté lors des « émeutes du pain » (le gouvernement avait augmenté le prix des produits de base, farine, huile, sucre, etc.). Et le journaliste écrit que ces évènements se sont produits à Casablanca en 1983 et 1984.
De toute évidence, Jean-François Julliard, dont ce n’est pas la première bourde, a consulté Wikipédia, et s’est... trompé de ligne : il a confondu avec des évènements du même ordre, qui ont eu lieu ces années-là... en Tunisie ! Bof, Tunisie, Maroc, tout ça, c’est pareil, hein ?
Je connais très bien Casablanca, et les émeutes du pain, qui ont bel et bien eu lieu, se sont passées en 1981. Elles ont été particulièrement spectaculaires dans le quartier périphérique – et pauvre – de Sidi-Bernoussi, tout à fait à l’est de la grande ville, sur la route de Rabat. La famille d’un de mes amis y vit, a connu cet épisode, et m’a raconté comment ils se sont déroulés, avec les autobus auxquels la population mettait le feu, et les arrestations qui ont suivi. Là-bas, on n’est pas près d’oublier comment le sinistre Hassan II écrasait la population, son « cher peuple », comme il disait en préambule de tous ses discours. C’est lui que De Gaulle avait qualifié de « petit trou du cul ».
Mais en 1983 et 1984, il ne s’est rien passé de notable à Casablanca. Quant au film, faut pas rêver, il n’est évidemment pas sorti au Maroc. Seulement dans trois salles à Paris, dans une demi-douzaine de salles en banlieue parisienne, et aux festivals de Dubaï et de Cordoue. Mal fichu, il ne tiendra pas longtemps, du reste.