France 2 : le palmarès du théâtre

Publié le par Yves-André Samère

Un triomphe ! On sait que la soirée des Molières, qui avait la réputation d’être ennuyeuse parce qu’elle durait des heures et que les lauréats passaient tout leur temps à remercier le monde entier, est morte de sa belle mort. On lui a fait grâce en l’euthanasiant. Pour la remplacer par une formule absurde, et qui, sur cinquante minutes, a réussi à être encore plus casse-pieds.

C’était hier soir sur France 2, et j’ai regardé pour me faire une opinion ; aussi, parce que je suis d’une curiosité incurable. Je ne vous garantis pas que je regarderai encore dans un an, vu que, je prends le pari, il n’y aura pas de seconde édition.

Cela commençait, horaire absurde, à 18 heures 50 pour se terminer cinquante minutes plus tard. Délaissant le Châtelet, la chaîne avait organisé cela chez elle, en direct, avec le minimum de publicité pour être sûre d’avoir le moins de succès possible, et avait carrément supprimé le vote des professionnels du théâtre. On avait donc recruté un jury de neuf personnalités du spectacle, sur ce critère génial : ne pas appartenir au monde du théâtre ! Un peu comme si, pour l’élection présidentielle, on ne faisait voter QUE les étrangers. Les jurés étaient neuf, présidés par Patrice Leconte, cinéaste assez peu talentueux et qui a d’ailleurs commis une pièce, ce qui montre que les principes sont faits pour s’appuyer dessus jusqu’à ce qu’ils cèdent.

Il y avait quatorze catégories à récompenser, et le prix était... une lampe. Les lauréats avaient été prévenus qu’ils étaient récompensés, ce qui leur laissait le loisir de ne surtout pas venir chercher leur prix, cas de Robert Hirsch, le seul comédien célèbre parmi ceux qui ont défilé à toute vitesse. À toute vitesse, parce qu’on ne leur laissait que deux minutes : deux sonneries de réveil les avertissaient que leur temps était écoulé, innovation d’une élégance inédite dans ce type de festivités. Ce qui n’a pas suffi à tarir le flot de « Merci !... » (pas loin de trois cent cinquante, à vue de nez). Bien sûr, quelques-uns n’ont pu se retenir d’outrepasser la limite de temps, car enfin, comment voulez-vous ne pas remercier votre « papa », votre sœur, votre metteur en scène, votre producteur, et tous vos partenaires ? Ne manquait que la caissière. L’une des lauréates a même brandi son prix en criant « C’est pour Gabriel ! » (ou Gabrielle, personne n’a compris).

La seule comédienne un peu connue, ce fut Francine Bergé, qu’il était temps de récompenser vu qu’elle va sur ses soixante-quinze ans, et qui a prévenu en commençant qu’elle ne savait pas quoi dire et qu’elle allait sûrement pleurer.

Le président a conclu en nous prévenant qu’il n’avait rien préparé pour sa conclusion, et en nous conseillant d’aller au théâtre, à la surprise générale.

Était prévue une deuxième partie après le Journal Télévisé, que je n’ai pas regardée car j’avais dépassé mon quota d’ennui, avec une poignée de comédiens qui devaient jouer un pot-pourri de je ne sais quelles scènes, toujours en direct. De quoi donner un coup de fouet à la soirée sur les autres chaînes.

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