Gérard de Villiers
Tout de même, il y a de quoi s’étonner de cette avalanche de louanges qui ont plu sur le romancier Gérard de Villiers, mort jeudi dernier à l’âge de 84 ans, et que la presse, de son vivant, s’appliquait à ne jamais mentionner, tant il avait mauvaise réputation : homme de droite, machiste, raciste, etc. Certes, son père était célèbre (c’était Jacques Deval, auteur de pièces à succès), et il écrivait abondamment (deux cents romans sur son personnage d’agent secret S.A.S., c’est-à-dire Son Altesse Sérénissime), mais enfin, s’ils étaient documentés puisque lui-même avait collaboré aux services secrets français, ils n’en étaient pas moins quelque peu bâclés, et truffés de scènes de sadisme !
Je n’ai lu que quatre de ces romans, dont le titre ne vous dirait rien, plus un reportage qu’il avait fait sur un personnage ayant défrayé la chronique en 1969, Henri Charrière. Ce Charrière, qui avait connu le bagne de Cayenne, avait raconté dans Papillon son évasion rocambolesque, et Franklin J. Schaffner en a fait en 1973 un film du même titre avec Steve McQueen et Dustin Hoffman. Or Villiers avait enquêté sur Charrière, et révélé dans Papillon épinglé qu’il avait presque tout inventé – j’ai lu les deux livres en rigolant. Ce qui n’a pas empêché le film de se faire, d’avoir beaucoup de succès, et de passer de temps en temps à la télévision. Ni empêché Charrière d’écrire une suite trois ans plus tard, Banco... qui n’a pas marché ! Il est mort l’année suivante.