Gouffre financier
On commence à se demander (euphémisme, certains se le demandent depuis presque neuf ans) si les Européens, en créant l’euro, ne se sont pas tiré une balle dans le pied (ça, c’est un cliché, mais j’en ai marre de faire honte à la corporation journalistique, laquelle ne sait pas écrire autrement).
Dès l’instauration de l’euro, en effet, les prix ont grimpé en flèche quasi-instantanément. À quoi s’est ajouté le phénomène psychologique suivant : les gens DÉTESTENT les petites pièces et n’en ont jamais sur eux. De sorte que toute augmentation de prix, dans la totalité des commerces, ne s’est plus faite que par tranches de cinq centimes. Ainsi, deux fois par an, la baguette de pain augmente de cinq centimes, et ce n’est plus indolore comme au temps du franc : dix centimes d’augmentation par an, traduit en francs, cela fait soixante-cinq centimes. Jamais la baguette de pain n’avait augmenté à un tel rythme... Trouvez d’autres exemples.
Et puis, surtout, les gouvernements européens ont abandonné le contrôle de leur monnaie commune à une banque centrale sur laquelle ils n’ont plus aucune autorité : c’est la loi, idiote, mais gravée dans le marbre (où a-t-on vu une quelconque autorité abandonner volontairement son propre pouvoir ?). Or ladite banque pratique sa religion personnelle, elle a horreur de toute idée d’inflation, contrairement à Rachida Dati, et a donc écarté à jamais toute possibilité de dévaluation de la monnaie. Il en est résulté que l’euro, seule monnaie au monde à se retrouver dans ce cas, ne peut faire autre chose que grimper, puisque les autres monnaies qui comptent, essentiellement le dollar états-unien et le yuan chinois, toujours pilotés par les gouvernements locaux, baissent à volonté. Ainsi, les produits autres qu’européens sont de moins en moins chers, se vendent chez nous de mieux en mieux, et nous restons avec nos marchandises invendues. D’où un chômage qui n’est pas près de baisser.
La solution ? Elle n’existe pas. Tout va continuer dans le même sens. C’est absurde, mais, à moins de renoncer à l’Union Européenne, comme le voudrait le Front National, nous nous précipitons vers le gouffre.