Grammaire contre démagogie
Patrick Cohen, qui pilote le magazine du matin sur France Inter, ne se débrouille pas mal du tout. Il est intelligent, cultivé, il parle correctement, a le sens de la répartie, connaît bien l’actualité (ce qui est le minimum pour un journaliste), et il ne se laisse pas impressionner par ses invités politiques.
Ainsi, ce matin, il recevait Nathalie Kosciuko-Morizet, grande bourgeoise, maire d’une petite ville de la région parisienne, encartée à l’UMP, et qui ambitionne de devenir maire de Paris. Du moins fait-elle semblant, car elle sait très bien qu’elle ne sera pas élue, et que le prochain maire sera Anne Hidalgo, socialiste, adoubée par Bertrand Delanoë qui en a marre de ce travail.
Cohen, en fin de journal, m’a fait bien rire, car il a asticoté son invitée : « Vous avez le même tic que Bertrand Delanoë, vous dites “les Parisiennes et les Parisiens” », lui a-t-il lancé. Et en effet, la future battue à l’élection municipale n’a cessé de placer cette redoutable expression, montrant qu’en dépit de l’éducation pour gosse de riche qu’elle a reçue, elle ignore la grammaire ! En effet, celle-ci a prévu que certains mots comme Parisien – et tout mot désignant les habitants d’une ville – ou Français – comme tout nom de nationalité – sont génériques : ils s’appliquent à tout le monde, sans aucune considération de sexe (« de genre », comme disent les excités).
Mais, en fait, Cohen sait parfaitement que TOUS les politiques ont le même travers, qui s’explique par la démagogie électorale : il s’agit d’envoyer un message subliminal aux électrices, faute de quoi, s’imaginent-ils, bien à tort puisque celles-ci s’en fichent probablement, elles voteraient mal. C’est-à-dire, pas pour eux. Alors, tous, absolument tous, quel que soit leur parti, empruntent la même ornière. Et je rappelle que Pierre Desproges en personne avait raillé cet acte de démagogie chez les politiques.