Hadopi, minée de l’intérieur
Je ris. La commission Hadopi est chargée de lutter contre les horribles pirates que nous sommes tous, je vous ai cassé les pieds avec ça bien souvent. Or l’un de ses membres doit être nommé par le président du Sénat.
Tant que le Sénat était à droite, c’était « sécurisé », comme disent les informaticiens : chaque membre de l’Hadopi se soumettait aux souhaits venus d’en haut, et aucun problème ne se posait – à part celui de l’efficacité de cette institution, qui n’a pas encore réussi à traduire UN SEUL pirate devant un tribunal.
Or il se trouve que, il y a quelques mois, la majorité a changé, au Sénat : la gauche y est devenue majoritaire, et son nouveau président, Jean-Pierre Bel, est socialiste. Cela tombait mal, on devait justement renouveler trois membres de l’Hadopi, et M. Bel, qui doit en nommer un, a décidé de choisir un député de son parti. Normal.
Il se trouve que le député socialiste choisi par le président du Sénat s’appelle Didier Malthus – un nom qui ne laisse pas indifférent –, et qu’il est... un adversaire farouche de l’Hadopi ! Il est conseiller de François Hollande sur les enjeux numériques de la culture, et avait même milité ouvertement contre la mise en place de cette institution lors du vote du projet de loi Création et Internet.
La nomination a été confirmée officiellement ce matin, par une publication au « Journal Officiel ». À quoi pense donc M. Bel ? Il veut détruire la Nation, ou quoi ?
Bref, M. Malthus a déclaré que « l’abrogation [de l’Hadopi] est aujourd’hui la position partagée par tous les spécialistes concernés auprès de François Hollande ». Quelle pitié... C’est comme si on nommait José Bové au ministère de l’Agriculture ou Eva Joly à la présidence d’Areva. Voire Frédo Mitterrand à la Culture.
(Oh pardon, lui, il y est déjà)